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L’esprit Kerchache, des arts africains à Sam Szafran

Publié le , par Sylvain Alliod

La collection Anne et Jacques Kerchache proposait un voyage qui ne se limitait pas aux seuls arts premiers, englobant la création vivante et d’autres domaines.

Angola, Tshokwe. Roi jouant de la sanza, bois brun à patine brillante, traces d’implantation... L’esprit Kerchache, des arts africains à Sam Szafran
Angola, Tshokwe. Roi jouant de la sanza, bois brun à patine brillante, traces d’implantation de cheveux, un pied du siège manquant, h. 37 cm. Préempté par le musée du quai Branly. Record mondial pour les Tshokwe.
Adjugé : 1 445 599 €
Jacques Kerchache, c’était avant tout un œil absolu servi par une culture immense, aiguillonnée par une curiosité sans limites. La collection qu’il a réunie avec Anne, son épouse, est le reflet de cette passion tous azimuts. Les 7 508 240 € frais compris récoltés font ainsi le grand écart entre les chefs-d’œuvre africains et des pièces plus modestes. Dans l’interview qu’il avait accordée à La Gazette , Pierre Amrouche, l’un des experts de la vente, déclarait que l’intérêt de la dispersion était de permettre d’acquérir facilement des objets « représentatifs du goût et de l’esprit d’un homme qui a fondamentalement marqué le domaine des arts premiers à la fin du XXe siècle». De fait, pour quelques centaines d’euros, de nombreux numéros du catalogue offraient la possibilité d’acheter des objets dont la seule qualité esthétique leur permettait d’appartenir à l’univers très particulier de l’infatigable militant des arts premiers. L’exposition de Drouot-Montaigne, magnifiquement mise en scène par Nathalie Crinière, permettait de saisir l’esprit du collectionneur hanté par l’image de la mort – maladie oblige –, mais sans morbidité. Transparaissait toujours un érudit, intellectuel autant qu’homme de terrain, tenaillé par la question du pourquoi et du comment. Place aux enchères, en débutant avec le cœur de la collection, l’art africain, où était prononcé l’essentiel des enchères à six chiffres de la vente. Le musée du quai Branly rendait à l’occasion hommage à l’un de ceux qui a permis à cette institution d’exister, en préemptant le lot le plus cher de la vente, la statue tshokwe. Ce roi suscitait la bagatelle d’1,2 M€, marquant ainsi le record mondial pour une sculpture tshokwe. Elle aurait été rapportée en 1893-1894 par un missionnaire, qui l’aurait lui-même reçue d’un chef tshokwe à la mission de Quibicolo, dans le nord de l’Angola. La figure de reliquaire byéri féminin fang ne trouvant pas preneur, la deuxième marche du podium était occupée, à 500 000 €, par une statue hemba (République démocratique du Congo) en bois à patine noire brillante, croûteuse par endroits (h. 63 cm). Cette effigie d’ancêtre masculin provient probablement de la région de Kubangula, au nord de la Luika. Dans son ouvrage sur les Hemba, François Neyt écrit : « L’équilibre des formes, la taille…
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