À Venise, cette institution au rayonnement culturel mondial a été créée par Vittorio Cini, l’un des plus grands collectionneurs italiens du XXe siècle et parmi les hommes les plus riches et cultivés de son temps.
Vittorio Cini (1885-1977) était comte de Monselice, mais tirait bien plus de fierté de son surnom de « dernier doge de Venise » que d’un titre de noblesse. Sa République sérénissime n’avait pas les dimensions de la Lagune mais celles de l’île de San Giorgio Maggiore, en face de la place Saint-Marc. Quant à son palais ducal, ce n’était pas une résidence fastueuse mais un monastère bénédictin fondé au X e siècle. C’est là qu’il créa, le 20 avril 1951, une fondation en mémoire de son fils, Giorgio, disparu deux ans plus tôt. À l’époque, San Giorgio Maggiore est abandonnée et son monastère en ruine. Napoléon, après avoir dépouillé le réfectoire des Noces de Cana de Véronèse pour les envoyer au Louvre, lui attribue un rôle purement militaire : vocation que confirmeront ensuite les nouveaux maîtres austro-hongrois de la cité lacustre. En ce début des années 1950, le comte décide de réhabiliter l’île pour la réinsérer dans le contexte urbain de Venise. Des travaux de restauration redonnent son lustre à la basilique, édifiée par Andrea Palladio entre 1566 et 1580 et où l’on peut admirer la Cène exécutée en 1593 par le Tintoret. Mais son intention n’est pas celle d’un simple mécène…
com.dsi.gazette.Article : 50329
Cet article est réservé aux abonnés
Il vous reste 85% à lire.