Depuis qu’il a rénové le jardin des Tuileries en 1990, la notoriété ne l’a plus quitté. En trente ans, le paysagiste a imaginé quelque trois cents lieux qu’il cherche à préserver des fracas du monde.
Comment appréhendez-vous le travail sur un site historique ? Je m’imprègne du lieu, me plonge dans les archives et parle beaucoup avec les personnes qui vivent sur place. Par exemple, au château de Pange, près de Metz, j’ai très longuement écouté le propriétaire : il connaissait si bien l’histoire du site, défiguré durant des décennies, que j’ai pu en imaginer puis en recréer la physionomie. À Versailles, pour le bosquet du Théâtre d’eau, j’ai d’abord cherché à comprendre les concepts qui avaient présidé à sa construction, en 1671. Et comme le concours ne donnait pas trop de directives, j’ai pu laisser libre cours à ma propre réinterprétation. Mais à mettre mes pas dans ceux de Le Nôtre, j’en avais les tripes nouées ! André Le Nôtre est-il un de vos modèles ? Pour moi, c’est le plus grand paysagiste de tous les temps, un illusionniste de la perspective qui avait un sens stupéfiant des niveaux. C’est particulièrement visible à Vaux-le-Vicomte, où tout fonctionne sur les trompe-l’œil et l’opposition des proportions. Plus près de nous, je voue une grande admiration au Britannique Russell Page (XX e siècle, ndlr), pour ses jardins informels qui organisent le flou avec une grande…
com.dsi.gazette.Article : 22513
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