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Stéphane Guégan, les mythes de l’histoire de l’art

Publié le , par Carole Blumenfeld

Commissaire des expositions consacrées à Toulouse-Lautrec et à Huysmans, le conseiller scientifique auprès de la présidence des musées d’Orsay et de l’Orangerie opère une véritable relecture de l’histoire de l’art.

Stéphane Guégan.© RMN, Grand Palais (musée d’Orsay) / Patrice Schmidt Stéphane Guégan, les mythes de l’histoire de l’art
Stéphane Guégan.
© RMN, Grand Palais (musée d’Orsay) / Patrice Schmidt
Qu’attend aujourd’hui le public des expositions ? Je crois qu’il a besoin de propos plus construits qu’auparavant, aux résonances plus aiguës. Le public ne se contente plus de panoramas ou de rétrospectives classiques, mais cherche les occasions de penser autrement les objets historiques qui lui sont offerts. La limite, on la voit aussitôt, c’est le présentisme, le tout-sociétal, le risque réel de dissoudre l’histoire de l’art, la complexité de ce qu’elle recouvre, dans l’affirmation de messages aussi anachroniques que binaires. « Le modèle noir de Géricault à Matisse  », dont j’ai été l’un des commissaires cette année, croisait ainsi une thématique occultée et un traitement équilibré, sans stigmatisation du passé. Il faut accepter la relativité des temps et des consciences, ne pas juger à l’aune trompeuse d’aujourd’hui. À cet égard, je suis très fier d’avoir été associé au catalogue de la si forte exposition du musée de Grenoble, «  Picasso . Au cœur des ténèbres (1939-1945) » –  jusqu’au 5  janvier 2020  –, où j’ai tenté de définir l’ambiguïté constitutive et la liberté paradoxale dont était marquée toute activité artistique sous l’Occupation allemande. Bref, sans verser dans la complaisance, la provocation gratuite ou la vacuité spectaculaire, l’exposition doit écarter l’entre-soi et parler au plus grand nombre. À travers vos expositions, votre blog, mais aussi vos ouvrages destinés à un large public, vous avez justement à cœur de ne pas vous adresser au seul cercle des initiés. Le plaisir que je prends à faire de l’histoire de l’art est très égoïste, mais j’essaie de le faire partager aux lecteurs et, depuis deux ans, aux étudiants et auditeurs…
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