Duranty (Edmond) Lot n° 15

La Nouvelle Peinture. À propos du groupe d'artistes qui expose dans les galeries Durand-Ruel. Dentu, Paris, 1876. Édition originale (24,5 x 16,5 cm). Reliure de l'époque : Bradel pleine percaline de soie vert sombre, pièce de percaline de soie beige au dos. Exemplaire emblématique du premier ouvrage jamais consacré aux impressionnistes alors décriés, au moment de leur deuxième exposition. Envoi à Joris-Karl Huysmans, qui eut grâce à celle-ci la révélation de Degas et ses camarades, et créa peu après le concept encore actuel d'« art moderne », réunissant ainsi les deux principaux littérateurs qui soutinrent d'emblée l'impressionnisme naissant. « A mon confrère et ami J.K. Huysmans. Duranty » Ce fut Champfleury qui orienta Edmond Duranty (1833-1880) vers la littérature, en faisant son disciple dans le réalisme, et l'introduisant dans la bohème d'artistes, d'écrivains et de poètes qui fréquentaient la brasserie Andler dans l'entourage de Courbet, comme Baudelaire, Banville, Daumier, ou Vallès. Duranty écrivit son livre - le tout premier jamais consacré au mouvement impressionniste - probablement dans l'idée qu'il figure comme introduction d'un catalogue de la Deuxième exposition impressionniste chez Durand-Ruel, mais ceci ne se faisant pas, c'est lui qui prit en charge l'impression de l'édition : « Le premier ouvrage d'ensemble et surtout le premier manifeste non plus seulement du droit des peintres à l'originalité et au réalisme, mais de l'impressionnisme théorique des années 1875-1885 [...] C'est à partir de cette brochure que l'impressionnisme se définit comme une manière [...] » (Pierre Francastel, 1937). L'association de cet ouvrage à Huysmans est particulièrement significative, puisque celui-ci devait devenir peu après un des principaux critiques soutenant le mouvement. Plus tard, Félix Fénéon ira jusqu'à dire qu'il fut « l'inventeur de l'impressionnisme ». Dans ses articles, Huysmans fixera les bases de « l'art moderne » en actualisant un concept que Théophile Gautier puis Charles Baudelaire avaient développé à leur façon. Mais c'est bien lors de cette exposition de 1876 que Huysmans, âgé de 28 ans et qui débutait alors réellement dans la critique d'art après quelques essais isolés depuis 1867, eut la révélation de ces nouveaux peintres, en particulier Degas et Caillebotte. C'est ce qu'il décrivit dans son très bel article du 15 avril de la même année dans la Gazette des amateurs de livres, d'estampes et de haute curiosité. Cette révélation devait le marquer indélébilement non seulement dans ses Salons futurs, mais comme romancier, notamment en 1884 pour À Rebours. Provenance : J.K. Huysmans ; Librairie Pierre Saunier, Paris, catalogue Bazar à Treize, 2014, n° 77.