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Lot n° 48

Gauguin (Paul) Fontainas (André)

Résultat :
Non Communiqué
Estimation :
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Lettre autographe signée à Paul Gauguin reliée par Victor Segalen dans son exemplaire d'Histoire de la peinture française au XIXe siècle (1801-1900) d'André Fontainas. Paris, 5 rue Franklin, 13 mai 1899 (8 pages in-12°), avec deux annotations de sa main à l'encre brune, en bas de la page 5, ainsi que la mention « à Paul Gauguin » ajoutée à la lettre reliée en tête. La lettre est numérotée 21 au crayon rouge, dans le cadre de la vente des biens de Gauguin à Papeete après sa mort en 1903. Reliure d'époque. Bradel de papier imprimé bleu à motifs brun ; pièce de titre de maroquin rouge soulignée de deux filets dorés au dos ; couvertures et dos conservés. Magnifique et fameuse première lettre à Gauguin d'André Fontainas, toute de franchise et de sensibilité. Exemplaire numéroté 2578, ayant appartenu à Victor Segalen qui l'a fait relier et l'a enrichi d'une lettre autographe signée de Fontainas à Paul Gauguin, la toute première de leur correspondance. Dans cette superbe et longue réponse, inédite, à une lettre écrite par Gauguin de Tahiti, Fontainas qui se définit comme un littérateur curieux, sincère et sensible, justifie certains termes de sa chronique du Mercure de France de janvier 1899, notamment à propos de Puvis de Chavannes ou de l'indépendance de Gauguin à laquelle il rend hommage... Enfin, il remercie le peintre pour l'envoi d'un portrait de Mallarmé « loyal et pur artiste dont ma voix a su éveiller la confiance... ». La lettre est assez raturée et corrigée, on voit le souci que prit Fontainas pour exposer son point de vue sur l'art. Son intérêt est renforcé par le fait que les biographes ont toujours considéré que les lettres de Fontainas à Gauguin étaient perdues. On voit que celle-ci fut sauvée par Victor Segalen quand il acquit certains biens lors de la succession de Gauguin à Tahiti en 1903. « Ah ! Monsieur Gauguin, quel malentendu existe entre nous, et comme il serait bon de causer une heure ensemble pour le dissiper à jamais. Vous l'avez compris, puisque vous m'avez fait cette joie énorme de vous arrêter à ce que j'ai dit de vous dans le Mercure, et de m'écrire à ce sujet, mon but, mon objet est simplement de dire, aussi sincèrement que le permettent des habitudes d'éducation, des préjugés et des tendances souvent différentes sinon contradictoires, ce qu'un littérateur, épris des couleurs harmonieuses ou de l'expression issue d'un agencement des lignes, éprouve devant les œuvres des artistes d'aujourd'hui. Je n'ai pas de férule, je n'édicte aucun code. Ne vous y trompez pas, j'exprime une sensation personnelle, toujours, et lorsque j'ai une colère (justifiée ou non, il ne m'importe, je l'ai eue, en dépit de moi, je la dis, je le dis), ou lorsqu'il me semble que par telle suppression, par telle adjonction l'effet eût été sur moi plus puissant, pourquoi voudriez-vous, même si j'ai tort, que je ne le confesse pas, puisque j'ai ainsi senti ou pensé, à la vue d'une œuvre ? Reprochez-moi, et vous aurez raison, reprochez-moi - je viens de relire l'article qui est la cause de cette correspondance que vous avez ouverte entre nous - de m'être parfois, à ce sujet, insuffisamment expliqué. Vous aurez raison. Je n'ai jamais voulu vous jeter à la tête l'exemple de Puvis de Chavannes pour écraser l'incertain (ou ce que je n'ai pas encore compris) de vos recherches par la confrontation avec un art mûri, épanoui et qui a abouti depuis longtemps, non ! J'ai cru (à tort, votre lettre me l'explique) que vos compositions partaient d'une idée, à priori, abstraite, que vous cherchiez à vivifier par une représentation plastique qui me semblait insuffisante à la faire passer en le cerveau d'autrui, et je vous citais P. de Ch. parce que, avec un autre métier, etc., il me paraît avoir souvent agi ainsi avec succès, grâce à un don merveilleux de transposer en images adéquates sa pensée.

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