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Lot n° 5

Barthel Beham

Estimation :
30 000 - 40 000 EUR

Barthel Beham (1502 Nuremberg - Bologne 1540) - Portrait d'une femme de 32 ans ("Dorothea Jörg"). Huile sur bois de tilleul, parqueté. 1524. 52,8 x 35,8 cm. Inscrit en haut "DA.MAN.1.5.2.4.CALT. / DA.BAS.ICH.32. IAR.ALT". Encadré. Trous 75. Sur cette toile, le peintre présente, sur un fond verdâtre peu différencié picturalement, le buste d'une femme d'âge moyen vers la gauche. Elle porte un béret en guise de couvre-chef et, par-dessus sa robe brune, une goller fermée par une broche - un col d'épaule en damas avec un motif de grenade qui recouvre la chemise. Le portrait porte l'inscription "DA. MAN. 15.2.4. CALT. DA. BAS. MOI. 32. IAR. VIEIL". En 1524, lorsque le tableau a été peint selon l'inscription, la personne représentée avait 32 ans. Une inscription ultérieure désignait la femme comme Dorothea Jörg, mais cette désignation n'est plus vérifiable sur le tableau. Elle a posé sa main droite baguée sur son avant-bras gauche, ce qui donne au portrait non seulement un aspect fermé du point de vue de la composition, mais lui confère également une certaine gravité et sévérité, qui se reflète également sur le visage de la femme. Son incarnation est chaude, avec des joues légèrement rosées et un regard plutôt introverti qui passe devant le spectateur et se dirige vers un vis-à-vis imaginaire, que Kurt Löcher a pu identifier grâce à l'inscription correspondante dans un portrait masculin de Barthel Beham conservé à la Gemäldegalerie de Prague (Prague, Nationalgalerie, inv. n° O 720). Le peintre a attaché une grande importance à la netteté du profil, derrière lequel s'efface la partie légèrement ombrée de son visage. Ce portrait d'une grande simplicité témoigne d'un bon sens de l'observation, plein de vie, dans une tonalité de couleurs finement harmonisée dans l'ensemble, mais sans grande valeur coloristique propre. Les points forts du tableau résident avant tout dans le dessin, dans la manière dont le visage et les mains, observés avec précision, se détachent du fond. Connu depuis près de cent ans par la recherche en histoire de l'art, Ludwig Baldass avait pour la première fois en 1930 attribué ce portrait à un groupe de portraits d'hommes qu'il avait attribué à Leonhard Beck d'Augsbourg, même si Baldass faisait remarquer que l'expression du portrait était "un peu plus crue" que celle des autres portraits. La localisation à Augsbourg est toutefois contredite par l'apparence à la mode de la femme, car le béret et la gommette pointent vers Nuremberg, où le bonnet a été remplacé à cette époque par le béret à la mode. La forme du béret variait, mais le type des rabats se rejoignant au-dessus du sommet de la tête et reliés par un bouton et une boucle restait toujours le même. Il était répandu vers 1525, comme en témoigne par exemple le regard sur le portrait de Veronika Formschneider de Dürer datant de 1525 (Londres, British Museum, Inv. n° 5218.50), et le goller se retrouve également à Nuremberg sur différents portraits de l'époque. Max J. Friedländer et Ernst Buchner, dans des expertises indépendantes l'une de l'autre mais qui ne sont plus disponibles aujourd'hui, ont reconnu dans ce portrait une œuvre précoce de Barthel Beham, encore réalisée à Nuremberg. Beham est surtout connu pour avoir fait partie, avec son frère Sebald et Jörg Pencz, des "trois peintres impies" de Nuremberg qui, avant l'introduction de la Réforme, avaient rejoint l'aile radicale de la Réforme, ce qui leur valut d'être bannis de leur ville natale en 1525 pour hérésie. Barthel Beham revint peu de temps après, mais ne resta que peu de temps pour entrer au service du duc Guillaume IV à Munich en tant que peintre de la cour en 1527. En tant que peintre, il appartient à l'école de Dürer au sens large, mais il n'existe aucune peinture assurée de ses années à Nuremberg. Kurt Löcher, l'auteur du catalogue raisonné des peintures de Beham, n'a certes inclus notre portrait que parmi les attributions douteuses, mais il est si proche des portraits confirmés de Beham, comme le Portrait d'un jeune homme (ex-Brême, Kunsthalle, n° d'inv. 169-1851), que l'on peut considérer que son auteur est fondé. Certaines incertitudes, comme le caractère quelque peu formel de l'installation, peuvent être admises pour un débutant, ce que Beham, né en 1502, était encore en 1524. Dr Peter Prange Nous remercions le Dr Birgit Jooss, responsable du projet "Kunsthandlung Julius Böhler", Zentralinstitut für Kunstgeschichte, Munich, pour les informations concernant la provenance. Littérature : Ludwig Baldass : Studien zur Augsburger Porträtmalerei des 16. Jahrhunderts. Partie II : Portraits de Leonhard Beck, dans : Pantheon 6, 1930, p. 396, n° 8 ; Kurt Löcher : Nürnberger Bildnisse nach 1520, in : Kunstgeschichtliche Studien für Kurt Bauch zum 70. Geburtstag von seinen Schülern, Munich 1967, p. 122 ; Ders : Ein Bildnis der Anna Dürer in der Sammlung Thyssen-Bornemisza, in : Wallraf-Richartz-Jahrbuch 39, 1977, p. 88, ill. 5 ; Peter Strieder : Tafelmalerei in Nürnberg 1350-1550, Königstein im Taunus 1993, p. 281, n° 165, ill. (attribué à Barthel Beham) ; Kurt Löcher : Barthel Beham, dans : Saur. Allgemeines Künstlerlexikon,

vendredi 17 mai 2024 - 13:00 - Live
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