À l’occasion d’une exposition et de l’ouverture prochaine d’une galerie au musée d’Orsay, retour sur un bestiaire de bronze porté au pinacle par le marché.
La panthère feulait en majesté au printemps 2007 parmi les plus beaux lots à venir des Temps forts de Drouot ; souveraine dans son pelage de bronze aux reflets verts qui accrochait regards et lumière, les pattes dressées et la queue en mouvement incitant à la prudence. Les enchérisseurs ont fait fi de celle-ci puisque ce superbe spécimen moustachu signé Rembrandt Bugatti (1884-1916) remportait peu après 537 680 € (Camard), l’un des plus gros prix enregistrés ces dernières années en France. Le marché plébiscite aujourd’hui cet artiste au point d’en faire le sculpteur animalier le plus cher (1). Son Babouin sacré Hamadryas, de 1909-1910, atteint 2,2 M$ (1,7 M€) chez Sotheby’s New York (2006), record à battre. Depuis dix ans, la cote de l’artiste a connu, selon Artprice, un boom de 440 %, quand la sculpture animalière n’augmentait, elle, «que» de 100 %. L’intérêt des collectionneurs n’est pas récent. Dès 1906, deux ans après la première exposition parisienne du sculpteur, Philippe de Rothschild se porte acquéreur, à l’image du décorateur Jansen. Entrepreneur avisé, le fondeur Adrien Hébrard enchaîne les expositions commerciales de son poulain dans sa galerie de la rue Royale. Mais à sa mort, en 1937, les fontes s’arrêtent pour de bon. La mémoire de Bugatti s’estompe. Il faudra patienter jusqu’aux années 1970 ; au Salon d’automne de 1973 sont exposées trente-six pièces…
com.dsi.gazette.Article : 6374
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