Très belle crosse de dignitaire Lot n° 36

présentant deux femmes accolées dos à dos assises sur la partie courbe, aux jambes longilignes parcourant avec grâce les formes naturelles du bois. Leurs mains sont posées sur la cuisse dans un geste codifié, et leur visage arbore une belle expression douce et hiératique. Leurs coiffes communes sont délimitées par une crête sagittale en forme de croissant de lune. Bois, ancienne patine miel et marques d’usage, éclat sur l’une des joues. Lobi, Burkina-Faso, début du XXe siècle 99 x 16 cm Provenance : rapporté en 1934 par le grand père maternel de son actuel propriétaire, (Monsieur Bouvard) responsable des postes de Ouagadougou. Son épouse était institutrice. Le lot est resté jusqu’à ce jour dans la famille. Ces œuvres peuvent être attribuées au sculpteur, SIKIRE KAMBIRE de Gaoua, du sud ouest de Ouagadougou, à 45 kms de la frontière ivoirienne. Sikire Kambire est né en 1896 à Gongombili, un village à 19kms au sud de Gaoua et commence à sculpter dès l’âge de 16 ans soit vers 1912. A coté de son activité agricole, il bénéficie très tôt de commandes de la part des coloniaux qu’il accompagne très souvent dans leurs périples en brousse, ce qui diffuse la reconnaissance de son talent et amplifie ses ventes notamment à des missionnaires et à des voyageurs étrangers (masques, statuettes, cuillères, sièges...). Son succès suscite de nombreuses vocations et son style est très largement copié par de nombreux élèves dont Lunkuna Pale et Dihunthe Palenfo... Dans les années 1920, Henri Labouret (1878-1959) commandant colonial de la région de Gaoua demanda à Sikiré de copier un masque Baoulé ce qu’il fit et le conduisit à adopter l’architecture de la sculpture baoulé (notamment les arcades sourcilières) dans son style de sculpture lobi... Après 1930, Sikire produisit essentiellement à destination des expatriés et très peu pour un usage tribal. Sikiré Kambiré est décédé à Gaoua le 5 octobre 1963. Nous avons ici quatre œuvres de grandes qualités plastiques, réalisées par un maître sculpteur, tout a fait identifié. Bibliographie : Thomas Keller : Lobi Statuary Sikire Kambire Lully VD Suisse 2015 Meyer, Piet : Kunst und religion der Lobi , Zurich 1981 page 127