Alors que s’ouvre le dernier acte de la restauration du retable d’Issenheim, ses résultats sont déjà spectaculaires. Grünewald se révèle plus coloriste et fin dessinateur que jamais, et la genèse de ce chef-d’œuvre absolu de la Renaissance germanique s’éclaircit.
Le retable d’Issenheim n’a jamais laissé indifférent. Réalisé entre 1512 et 1516 par le peintre Grünewald et le sculpteur Nicolas de Haguenau, cet ensemble de dix compositions peintes et huit reliefs sculptés leur fut ordonné par une commanderie de religieux établie à Issenheim. Mais le caractère dévotionnel et la fonction religieuse initialement dévolus à l’œuvre sont rapidement supplantés par sa valeur artistique. Dès le XVI e siècle, des collectionneurs aussi prestigieux que l’empereur Rodolphe II de Habsbourg tentent de l’acquérir et se heurtent au refus répété de la commanderie d’Issenheim. Que ce soit dans le contexte du vandalisme postrévolutionnaire ou en temps de guerre, l’histoire a depuis constamment réaffirmé que le retable faisait l’objet d’une considération très particulière. Le vent de polémique qui souffla sur son début de restauration en 2011, ainsi que les inquiétudes qu’elle suscita, démontrèrent que cette considération était toujours vive et que les habitudes visuelles n’aiment décidément pas être bousculées. Souvenons-nous de l’affaire Villot qui déchira le Louvre sous le second Empire. Habitués à voir…
Nous utilisons des cookies pour vous offrir une meilleure expérience de navigation, réaliser des analyses de trafic du site et de vous proposer des contenus et des annonces les plus adaptés à vos centres d’intérêts.