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Un coq de Charles Artus, un bronze roi de la basse-cour

Publié le , par Philippe Dufour
Vente le 12 juillet 2024 - 14:00 (CEST) - 20, rue Jean-Jaurès - 06400 Cannes
Cet article vous est offert par la rédaction de la Gazette

Un coq chantera lors de cette vente cannoise dédiée à l’art moderne, une sculpture parmi les plus attachantes créées par son auteur, très inspiré par le règne animal.

Charles Artus (1897-1978), Coq (vers 1927-1928), bronze à patine brun-noir, tirage... Un coq de Charles Artus, un bronze roi de la basse-cour
Charles Artus (1897-1978), Coq (vers 1927-1928), bronze à patine brun-noir, tirage d’artiste signé «Ch. Artus», cachet «C. Valsuani, cire perdue», socle en marbre noir de Belgique, 28,2 19,7 13 cm (sans le socle). Estimation : 50 000/60 000 

Symbole d’une nation gauloise en lutte contre Jules César et, par héritage, celui de la France républicaine, la figure fière du coq trouve une illustration particulièrement spectaculaire sous les doigts du sculpteur Charles Artus. Son gallinacé de bronze s’avance d’un bon pas, rythmé par les deux redoutables ergots, sa crête bien dressée… Une allure énergique qui a permis à l’animal de séduire des générations de collectionneurs depuis 1926, date de sa création. Cette année-là, il est présenté pour la première fois au public sous la forme d’un plâtre, à l’occasion du Salon d’automne (numéro 109 du catalogue). En 1927, il est à nouveau exposé dans ce même Salon (numéro 60) mais dans une version définitive, incarnée par une épreuve en bronze à la cire perdue. Juché sur un socle assorti, en marbre noir de Belgique, notre Coq est issu de cette première série ; il s’avère également être un tirage d’artiste, catégorie pour laquelle on ne connaît que deux autres épreuves identifiées. Atout de poids : la pièce bénéficie, comme l’indique un cachet sur la terrasse, d’une fonte « Claude Valsuani », réalisée dans le célèbre atelier du 74, rue des Plantes, à Paris, auxiliaire incontournable des grands ténors de l’époque, Rembrandt Bugatti et François Pompon en tête.


Dans son atelier de la rue de Vaugirard, le plasticien va surtout consacrer son art aux petits animaux, domestiques ou non, s’attachant à rendre dans le bronze le mouvement qui anime un lapin ou un furet.

La passion des oiseaux

Le parcours artistique de Charles Artus, natif d’Étretat, débute à Paris, dans l’atelier du sculpteur animalier Édouard Navellier (1865-1944). Mais le jeune homme saura vite s’affranchir de l’influence naturaliste de ce dernier, en devenant l’assistant et le massier de François Pompon (1855-1933). Artus adopte alors l’esthétique épurée de l’auteur de l’Ours blanc, que l’on retrouve à travers les puissants volumes stylisés du Coq, la rondeur de son modelé, et sa surface lisse, parée d’une riche patine brun-noir. Cependant, si la filiation avec les productions de son maître est évidente, le travail d’Artus se distingue par une expression plus subtile de la psychologie animale. Dans son atelier de la rue de Vaugirard, le plasticien va surtout consacrer son art aux petits animaux, domestiques ou non, s’attachant à rendre dans le bronze le mouvement qui anime un lapin ou un furet. Il se spécialise aussi dans la représentation de volatiles – dont les courbes douces se prêtent bien à la stylisation –, privilégiant les habitants de la basse-cour. Parmi eux, se détache l’emblématique Canard coureur indien, dont un exemplaire a été adjugé 20 800 € par Millon OVV, à Drouot le 8 mars 2019. Du Salon des artistes français à celui d’automne, Artus – qui a adhéré au groupe des XII fondé par Pompon en 1931 – participera à toutes les grandes manifestations artistiques consacrées à la sculpture animalière. Mais on verra également ses œuvres dans les galeries parisiennes spécialisées, par exemple chez Edgard Brandt, boulevard Malesherbes. Un Coq y fait son apparition en 1928, à l’occasion d’une exposition de la Société des animaliers : reproduite dans la revue Mobilier et Décoration, en novembre de la même année, la sculpture est en tout point semblable à celle présentée à Cannes.

vendredi 12 juillet 2024 - 14:00 (CEST) - Live
20, rue Jean-Jaurès - 06400 Cannes
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