Yves Klein Sculpture éponge bleue sans titre,... Lot 11

Yves Klein Sculpture éponge bleue sans titre, (SE 328) Vers 1959 Pigment et résine synthétique sur éponge naturelle avec tige en métal et base en pierre Dimensions d'ensemble environ 50,5 x 36 x 8 cm. - Avec des signes mineurs d'âge. Avec la confirmation ci-jointe du R.U.K., Paris, par e-mail du 25.02.2021 Provenance Collection Hanns Hülsberg, Hagen ; Collection privée, Rhénanie-du-Nord-Westphalie Expositions Krefeld 1961 (Museum Haus Lange), Yves Klein Monochrome et feu, exposition cat.no.44 Littérature Julian Heynen (ed.), Yves Klein Monochrome and Fire, A Document of the Avant-Garde, catalogue d'exposition. Musées Haus Lange et Haus Esters, Krefeld 1994, cat.no.44, p.23 avec des vues d'installations. En 1961, Paul Wember, directeur du musée d'avant-garde Haus Lange de Krefeld, organise une grande exposition d'Yves Klein, que l'artiste lui-même conçoit comme un Gesamtkunstwerk. Dans cette exposition devenue légendaire, le travail proposé ici est également présenté dans la Blue Zone, une pièce uniquement remplie de peintures et de sculptures en éponge d'un bleu monochrome. Dans son compte rendu de l'exposition, John Anthony Thwaites décrit avec force l'intense effet spatial : "Lorsque l'on pénètre dans la première grande salle du Museum Haus Lange de Krefeld, où Yves Klein est actuellement exposé, on a l'impression d'être de retour sur la Méditerranée. De grands tableaux bleus nous entourent, identiques dans leur ton et leur format. Elles sont accrochées à côté de reliefs en éponge et de sculptures en éponge. Tout est simplement bleu [...] L'impression d'immensité est dans la pièce, et avec elle ce que G.K. Chesterton appelait "la terrible propreté de la mer". Mais déjà cette première connexion de pensées n'est plus suffisante. Car quelque chose de solennel s'ajoute. Une chose pour laquelle le merveilleux intérieur de Mies van der Rohe est en fait trop réel. On veut l'étendre, prolonger la rangée bleue à perte de vue. Et un cortège en robes bleues devait passer. Il faudrait qu'un son bourdonne de quelque part... Mais où pense-t-on ?" (cité dans : Julian Heynen (ed.), Yves Klein Monochrome et feu, un document d'avant-garde, Ausst.Kat. Musées Haus Lange et Haus Esters, Krefeld 1994, p.16). La couleur pure comme expression de la pureté spirituelle et de l'originalité, évoquant une atmosphère flottante, solennelle et ravissante - c'est exactement ce que Yves Klein recherche avec un radicalisme sans compromis. Tout ce qui est représentation et composition est rejeté par Klein comme étant perturbateur et traditionnel. Dans le monochrome complet, la couleur ne doit représenter qu'elle-même et devient la marque du spirituel, de l'incompréhensible. En particulier, le bleu intense, couleur du ciel et des éléments principaux que sont l'eau, le feu et l'air, a fasciné l'artiste depuis son enfance et continue de le captiver à un degré particulier dans sa progression artistique. Son travail artistique est moins fondé sur l'intellect et la théorie, mais se nourrit plutôt de l'intuition et d'un univers de pensée d'inspiration religieuse et romantique. La recherche d'une nuance uniforme de bleu de la plus haute luminosité, qui possède l'intensité du pigment pur sans être déformée optiquement par l'ajout de liants courants, conduit à la mise au point de son propre bleu, un outremer profond, qu'il fait breveter comme "I.K.B. (International Klein Bleu)" et qui devient dès lors son signe d'identification fixe. Outre les panneaux monochromes en bleu I.K.B., Klein trouve dans les éponges un matériau artistique qui traduit au mieux ses aspirations. En tant que produit naturel ayant une forme anthropomorphique individuelle, l'éponge permet une variété d'associations ; de plus, ses propriétés physiologiques la prédestinent à être imprégnée de peinture, qu'elle absorbe au sens propre. "L'éponge est aussi une manifestation de l'atmosphère ; ronde en elle-même et naturellement saturée d'eau, elle est imprégnée par Yves de bleu comme expression de la sensibilité cosmique." (Paul Wember, Yves Klein, Cologne 1969, p.16). L'éminente sculpture en éponge proposée ici peut être considérée comme exemplaire de l'œuvre d'Yves Klein, artiste polyvalent et radical dont l'œuvre intense rompt avec les traditions du modernisme et ouvre des perspectives entièrement nouvelles pour l'art contemporain.