Marlene Dumas La fenêtre 1992 Huile... Lot 46

Marlene Dumas La fenêtre 1992 Huile sur toile 60 x 50 cm. Signé, daté et titré au dos du châssis 'M Dumas.La fenêtre'. 1992'. Provenance Galerie Isabella Kacprzak, Cologne (avec étiquette au verso) ; collection privée, Luxembourg Expositions Cologne 1992 (Galerie Isabella Kacprzak), Marlene Dumas, Ne me pose pas de questions et je ne te mentirai pas. Littérature Dominic van den Boogerd et al, Marlene Dumas, Londres 1999, p.143 avec illustrations en couleur. "La fenêtre" est une peinture intime, tant par ses dimensions que par son contenu représentatif. Une figure - peut-être une femme, peut-être une petite fille - remplit l'espace du tableau en hauteur. Elle est représentée comme une figure purement couchée, c'est-à-dire qu'elle se détourne complètement du spectateur, et est fixée de manière statique dans une situation picturale presque symétrique. Les bras également pliés de chaque côté et les pieds tournés vers l'extérieur, elle se tient fermement ancrée devant le carré sombre que l'on peut identifier comme étant la fenêtre qui donne son titre au tableau. Des cheveux épais tombant sur les épaules et une chemise longueur cheville couvrent complètement sa tête et son corps - à l'exception de ses bras. Le tissu fluide du vêtement trouve son pendant dans les coups de pinceau verticaux transparents avec lesquels l'artiste indique l'espace environnant. Le détail le plus frappant, car il se distingue par sa couleur, est constitué par les chaussures rouges à gros pompons, qui ne deviennent pleinement visibles que par la position inhabituelle des pieds. Ils sont porteurs d'une profonde signification symbolique ; de multiples niveaux de signification tels que le pouvoir, le sang et la mort sacrificielle, la violence et la passion y jouent un rôle. Le même rouge se retrouve dans les parties sombres de la fenêtre et de la table console devant celle-ci, reconnaissable uniquement de près ; des traces de peinture bleue y apparaissent également. C'est un tableau inhabituel et extraordinairement intéressant pour Marlene Dumas, car il bouleverse les habitudes de représentation de l'artiste. Dans l'œuvre de Dumas, le portrait est omniprésent. Ses modèles, essentiellement féminins, sont représentés sous forme de portraits complets, de demi-figures ou de figures complètes. Si le corps est également représenté, il est généralement dévêtu. La vue directe de l'être humain - au sens propre ou figuré - nu et sans protection est généralement au centre de son travail. Mais le protagoniste de "The Window" échappe à ce regard et à toute exposition. Entièrement vêtue, cachée et détournée, elle est à l'abri et repliée sur elle-même - un aspect figuratif rare dans l'œuvre de l'artiste. Comme on le sait, Marlene Dumas ne travaille pas à partir de modèles vivants et ne conçoit pas librement ses sujets, mais utilise des modèles photographiques provenant d'une grande variété de médias imprimés, y compris des images de peintures historiques ou ses propres photographies privées. Elle isole ainsi ses motifs de leur ancien contexte et les laisse libres de toute référence prédéterminée au regard et aux associations du spectateur. En principe et délibérément, Dumas garde le message de ses œuvres en suspens ; le spectateur ne reçoit d'elle aucune indication pour les interpréter. L'artiste permet plutôt à la biographie individuelle du spectateur de devenir une partie de son œuvre. En fonction des circonstances personnelles et des traits de caractère du spectateur, ses œuvres font l'objet d'interprétations contraires. Par exemple, si une personne ressent de la peur ou de la solitude en regardant l'une de ses peintures, la même œuvre peut évoquer le souvenir d'une expérience d'enfance liée à un sentiment individuel de sécurité chez un autre spectateur. " La fenêtre ", silencieuse et mystérieuse, recèle toutes les possibilités d'interprétations pour le spectateur.