VIERGE À L'ENFANT AU PHYLACTÈRE Bourgogne, vers... Lot 9

VIERGE À L'ENFANT AU PHYLACTÈRE Bourgogne, vers 1420-1440 Noyer ; importants restes de polychromie H. 92 cm, L. 34 cm, P. 23 cm Cette Vierge en noyer, travaillée en ronde-bosse, se tient debout sur une base étroite, dans une posture tout à fait naturaliste. Son léger hanchement est motivé par l'Enfant qu'elle soutient de son bras droit. Le voile court qui l'encapuchonne et le manteau rouge qui lui couvre les épaules révèlent son air gracile et sa féminité. Sa robe bleue, dépourvue de ceinture, moule son buste ; elle met en valeur le galbe de ses seins aux tétons durcis et la finesse de sa taille. Son vêtement imite les étoffes épaisses et peu plissées, caractéristiques des artistes bourguignons qui se sont inscrits dans le sillage du flamand Claus Sluter (Haarlem, vers 1355-Dijon, 1406). La manière du sculpteur, qui s'exprime magistralement à travers le Puits de Moïse et le portail de la chapelle des ducs de Bourgogne à la Chartreuse de Champmol, connut un second souffle avec son neveu Claus de Werve (Haarlem, 1380-Dijon, 1439) qui mourut avant d'avoir pu trouver les pierres indispensables à l'achèvement des tombeaux de Philippe le Hardi et de Jean sans Peur mais qui oeuvra tant et si bien dans la région qu'il fit de nombreux émules. L'art d'Antoine le Moiturier (Avignon, 1425-Paris, après 1497), «le dernier des grands imagiers des ducs de Bourgogne» selon Alain Erlande-Brandenburg, relevait encore de cette tradition au tournant du XVe siècle. L'Enfant Jésus a déroulé un phylactère dont il désigne le contenu de sa main droite. Une inscription y était probablement peinte comme le suggère un groupe de «Madones au phylactère» identifiées par Albert Colombet dont les recherches ont notamment été poursuivies par Henri David. Le texte variait d'une oeuvre à l'autre, pouvant être comme sur celle de Vandenesse (Côte d'Or) un «Ave» louangeur ou comme sur celle de Nozeroy ( Jura) un rappel du sacrifice à venir. La Vierge de Flammerant, qui porte le sceau de Claus Sluter, explique probablement la fortune de ce type iconographique en Bourgogne. On attribue à son neveu la Vierge de Bezouotte coiffée comme la nôtre d'un voile auréolant son front (fig. 1).