Castilian school; late fifteenth century. Lot n° 88

École castillane ; fin du XVe siècle. "Sainte Anne, la Vierge et l'Enfant". Bois sculpté et polychrome. Il présente de légers dommages. Mesures : 93 x 50 x 25 cm. L'iconographie de Sainte Anne avec la Vierge et l'Enfant, également connue sous le nom de Sainte Anne Triple, trouve son origine au XIVe siècle, et a été conçue pour glorifier la sainte en tant que mère de Marie et grand-mère de Jésus. À ses débuts, la représentation du sujet fait preuve d'un frontalisme et d'une verticalité remarquables, comme nous le voyons dans l'exemple présenté ici, avec la sainte debout tenant dans son bras gauche une Marie de taille enfantine, couronnée et tenant sur ses genoux, à son tour, un petit Enfant Jésus. Sainte Anne touche la Vierge, et elle en même temps le Fils, en claire allusion à l'Arbre de Jessé ou symbole généalogique du Christ. Cette iconographie établit, d'une part, une corrélation de cause à effet dans l'humain, grand-mère-mère-petit-enfant ; et dans le surnaturel, Rédempteur, Dieu-homme : engendré par l'Esprit Saint d'une mère vierge, conçu à son tour sans tache de péché originel dans le sein d'Anne. D'autre part, il s'agit d'une représentation de la Sainte Famille. Au sens le plus courant de l'expression, la Sainte Famille comprend les plus proches parents de l'Enfant Jésus, c'est-à-dire la mère et la grand-mère ou la mère et le père nourricier. Dans les deux cas, que ce soit Sainte Anne ou Saint Joseph qui apparaisse, il s'agit d'un groupe de trois personnages. Du point de vue artistique, la disposition de cette Trinité terrestre pose les mêmes problèmes et suggère les mêmes solutions que la Trinité céleste. Cependant, les difficultés sont moindres. Il ne s'agit plus d'un Dieu unique en trois personnes dont l'unité essentielle doit s'exprimer en même temps que la diversité. Les trois personnages sont unis par un lien de sang, certes, mais ils ne constituent pas un bloc indivisible. En outre, les trois sont représentés sous forme humaine, tandis que la colombe de l'Esprit Saint introduit dans la Trinité divine un élément zoomorphique difficile à amalgamer avec deux figures anthropomorphes. Dans le type iconographique qui présente Sainte Anne avec la Vierge et l'Enfant, il s'agit d'une Sainte Famille qui regroupe trois générations : la grand-mère, la mère et l'enfant, et qui en réalité pourrait être un fragment séparé de la parenté de Marie. Comme ce dernier thème, il s'agit d'une iconographie particulièrement répandue en Allemagne et en Europe centrale, dont on trouve des exemples à partir du XIVe siècle. Cependant, c'est aux 15e et 16e siècles que le thème devient vraiment populaire, non seulement dans les pays germaniques mais aussi en Italie et en Espagne. Au cours de ces premiers siècles, la représentation de ce thème suit un schéma rigide qui comprend deux possibilités : Sainte Anne tenant la Vierge et l'Enfant sur ses genoux, ou l'Enfant Jésus assis entre sa mère et sa grand-mère. Certains auteurs comme Léonard de Vinci avaient déjà introduit une approche plus naturaliste de la scène, mais il faudra attendre le baroque pour que ces schémas soient définitivement dépassés au profit d'une représentation réaliste, humaine et proche. L'Espagne est, au cours du XVe siècle et au début du XVIe siècle, la nation européenne la mieux préparée à recevoir les nouveaux concepts humanistes de la vie et de l'art en raison de ses conditions spirituelles, politiques et économiques, bien que du point de vue des formes plastiques, son adaptation de celles introduites par l'Italie soit plus lente en raison de la nécessité d'apprendre les nouvelles techniques et de changer le goût de la clientèle. La sculpture reflète peut-être mieux que d'autres domaines artistiques cet empressement à revenir au monde classique gréco-romain qui exalte dans ses nus l'individualité de l'homme, créant un nouveau style dont la vitalité dépasse la simple copie.