OTTO DIX (1891 Untermhaus bei Gera - 1969 Sin... Lot n° 29

Mort et résurrection 6 travaux à la pointe sèche sur papier taille-douce. 1922. Env. 34,5 x 27,5 cm (env. 50 x 44 cm). Toutes les feuilles sont signées "Otto Dix" et marquées "I-VII". Tirage 50 num. ex. Karsch 43-48. Superbes impressions avec de larges marges. Dans cette série en six parties, Dix esquisse avec force les suites de la Première Guerre mondiale. En effet, la conclusion de la paix en novembre 1918 ne met pas fin à la mortalité - des troubles politiques, le chômage et la famine secouent le pays. Le caractère dramatique de la situation est renforcé par la présentation de destins individuels bien choisis : Il y a le vieux qui met fin à ses jours par pendaison et qui, bizarrement crispé dans une rigidité cadavérique, est suspendu devant le mur gauche de sa chambre austère et claustrophobe. Entre la dépouille mortelle et ce qui enveloppait autrefois le corps, l'âme du défunt est assise et se détend en lisant (I). Il y a la prostituée brutalement assassinée et mutilée sexuellement, devant le lit ensanglanté de laquelle deux chiens copulent imperturbablement (II). Il y a le marin au regard sombre qui, juché sur une barricade d'objets et de camarades criblés de balles, fait feu contre l'ennemi invisible (III). Il y a la jeune femme enceinte aux allures de vieillard, qui partage sa physionomie avec le cadavre décharné à ses pieds (IV). Il y a le soldat mort violemment, qui, paisiblement couché dans la terre entassée comme un coussin, nourrit de ses restes la flore et la faune (V). La mort d'âge moyen, qui assiste en tant qu'esprit à ses propres funérailles et sourit en contrastant avec le visage hagard de son cadavre dans le cercueil, vient clore le tableau. Ceux qui sont restés dans la vallée de larmes terrestre portent le poids de la perte, tandis que l'être de lumière plane vers l'éternité sans être encombré (VI). A l'automne 1922, Dix quitte Dresde pour Düsseldorf, où il s'installe dans un atelier de l'Académie des Beaux-Arts et reçoit une formation complète aux procédés d'impression graphique de la part de Wilhelm Herberholz, titulaire de la chaire de graphisme libre. Alors que l'artiste avait jusqu'alors regroupé ses travaux sur papier dans des dossiers, il commence à traiter les thèmes qui le préoccupent dans un format fermé. Trois séries de gravures voient le jour à l'époque de Düsseldorf : le "Cirque" en dix parties (1922), "Mort et résurrection" (1922) ainsi que "Guerre" en cinquante parties, travaillées avec virtuosité (1924). Les deux premiers portfolios cités sont publiés à compte d'auteur.