*Rare Coran enluminé Inde des Sultanats, fin... Lot 138

*Rare Coran enluminé Inde des Sultanats, fin du XVe siècle Manuscrit arabe en deux volumes, composé de 572 feuillets, chaque page calligraphiée de trois lignes de "thuluth" encadrant huit lignes de "naskh", et enluminée d'une mandorle polylobée à fond or animée d'une fleurette à 6 pétales et encadrée de fleurons trilobés. Les titres de sourates sont indiqués en calligraphie "Rayhân" en or cerné de noir, les séparations de versets par une pastille dorée pointée de bleu, les juz à l'encre rose cerné de noir. Quatre double-frontispices enluminés : à l'ouverture, à la sourate VII Al-'Araf (p.276), à la Sourate XIX Maryam (p.574), à la sourate XXXVIII "Saad" (p.857), et un frontispice enluminé "unwan" pour la sourate LXVII "Al-mulk". A partir de la sourate LXXVIII, les pages sont poudrés d'or. Le 1er tome s'achève par le verset 74 de la Sourate XVIII, soit la fin du Juz n°15 et du Hizb 30. Le 2nd tome commence avec le titre enluminé du juz 16 en "rayhân" rose. Reliures à rabat en maroquin brun estampé, dont les plats sont anciens. Etat : Manuscrit intégralement remargé. Provenance : Collection britannique depuis la fin des années 1970. Ce lot est en importation temporaire. Référence : E. Brac de la Perrière, "Prisme indien : recherches sur les corans en écriture bihari des origines à nos jours", dossier d’habilitation à diriger des recherches, Aix-Marseille Université, à paraître. Cet impressionnant coran qui compte quatre doubles pages finement enluminées se rattache à un petit groupe de corans datant de l’Inde des Sultanats calligraphiés en « muhaqqaq », mis au jour récemment par E. Brac de la Perrière dans une étude à paraître (« Prisme indien : Recherches sur les corans en écriture bihari des origines à nos jours, Aix-Marseille Université »). L’histoire tumultueuse de l’Inde au cours du XVe siècle, ainsi que des conditions climatiques défavorables, ont fait que peu de corans de l’Inde des Sultanats ont survécu à cette période. Beaucoup sont en mauvais état et incomplets. Le coran que nous présentons aujourd’hui constitue donc un exemple exceptionnel d’un coran enluminé complet de la fin de l’Inde des Sultanats. Dans notre manuscrit, diverses caractéristiques témoignent d’une influence persane. La calligraphie en muhaqqaq, combinée à un naskh rigoureux, les bordures de textes enluminées en noir, l’utilisation intensive du bleu lapis, sont récurrents dans les manuscrits de la région de Herat. Ces éléments ont valu à notre manuscrit d’avoir été précédemment attribué à l’Iran timouride. Cependant, sa division quadripartite marquée par des doubles frontispices est un élément déterminant pour son rattachement au monde indien. Il s’agit d’une particularité des corans bihari - rarissime en dehors du monde indien pré́-moghol - que relève E. Brac de la Perrière dans les trois seuls manuscrits complets de son corpus. Par ailleurs, la diversité du registre décoratif, le dessin des fleurs de lotus, les couleurs vives mais mates de l’enluminure le rattachent définitivement à une production indienne. Les marges de notre manuscrit devaient être très endommagées - comme c’est le cas dans de nombreux codex indiens – et sa restauration, qui s’est concentrée sur le texte coranique, n’a pas permis de les conserver. Il est très probable que des gloses en bihari et de larges enluminures couvraient initialement ces marges. Si les corans des Sultanats sont majoritairement calligraphiés en bihari, E. Brac de la Perrière (op. cit.) a relevé un petit groupe de coran « affiliés » de la fin du XVe siècle, où le muhaqqaq prédomine. Parmi ces manuscrits, on citera un coran conservé au Walters Art Museum (W. 563), un coran vendu chez Sotheby’s, 6 avril 2011, n°190, et une partie de coran vendu chez Millon, 4 Juin 2012, n°164. L’usage du muhaqqaq, non seulement dans les titres, mais aussi dans le texte coranique, semble avoir été réservé à ces codex de qualité supérieure. Ceux-ci témoignent de l’existence d’une production luxueuse de l’Inde des Sultanats supportée par de riches et puissants mécènes appartenant à des cercles royaux.