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Lot n° 655

PROUDHON PIERRE-JOSEPH : (1809-1865) Philosophe,...

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PROUDHON PIERRE-JOSEPH : (1809-1865) Philosophe, socialiste et homme politique français, fondateur de la philosophie mutualiste et première personne à se déclarer anarchiste. A.L.S., P.-J. Proudhon, deux pages, 8vo, Citadelle de Doullens, 4 mai 1850, à "Monsieur le Directeur", sur papier à en-tête de La Voix du Peuple, en français. Proudhon emprisonné écrit pour plaider auprès de son geôlier, en entier : " D'après un mot que m'a dit hier le major, et cela, autant que je puisse présumer, de votre part, il dépendrait de vous de faire cesser mon isolement. Si j'avais cru que cette affaire etait laissee a votre discretion, il y a longtemps, Monsieur le Directeur, qu'au lieu de solliciter le ministre, qui ne repond pas, je me serais adresse directement a vous. Je n'aurais pas cru plus indigne de moi, je vous jure, de frapper a la porte du subordonne qu'a celle du superieur. Je viens donc vous prier, Monsieur le Directeur, de mettre fin à un etat de choses qui est pour moi un terrible supplice, physique et moral, et dont je suis encore a comprendre l'utilite ainsi que la justice. Depuis quinze juurs que je suis sequestre, les agitations nerveuses, les transports au cerveau, auxquels je suis d'ailleurs sujet, se sont multiplies chez moi d'une maniere inquiétante. D'autres infirmites m'arrivent encore, a la suite de ce régime débilitant, a tel point que s'il se prolongeait, je serais force de croire que l'administration n'en veut pas seulement a ma plume, mais a ma vie. Jusqu'ici je me suis efforce de tromper les heures par la lecture et le travail : mais la lecture et le travail, chez un homme séquestre, deviennent vite des causes de malaise et d'impossibilité de lecture et de travail : aujourd'hui je suis hors d'état de m'occuper et de rien faire. Daignez donc, Monsieur le Directeur, porter remede a mon etat, me permettre de me promener et de voir mes amis. Songez aussi, je vous en supplie, que j'ai une malheureuse femme qui pleure pour moi quand je ne puis que souffrir et qu'elle serait heureuse d'apprendre que j'ai enfin rendu à la liberte....de la prison" (Traduction : "D'après un mot que le major m'a dit hier, et que, autant que je puis présumer, de votre part, il dépendrait de vous de mettre fin à mon isolement. Si j'avais cru que cette affaire était laissée à votre discrétion, il y a longtemps. Monsieur le Directeur, qu'au lieu de solliciter le Ministre, qui ne répond pas, je me serais adressé directement à vous. Je n'aurais pas cru plus indigne de moi, je vous le jure, de frapper à la porte du subordonné qu'à celle du supérieur. Je viens donc vous demander, Monsieur le Directeur, de mettre fin à un état de choses qui est pour moi une torture terrible, physique et morale, et dont je ne comprends pas encore l'utilité comme la justice. Depuis quinze jours que je suis séquestré, les agitations nerveuses, les transports du cerveau, auxquels je suis d'ailleurs sujet, se sont multipliés en moi d'une manière inquiétante. D'autres infirmités m'arrivent encore, par suite de ce régime débilitant, à tel point que, s'il se prolongeait, je serais forcé de croire que l'administration ne veut pas seulement de ma plume, mais de ma vie. Jusqu'ici j'ai essayé de tromper les heures en lisant et en travaillant : mais la lecture et le travail, chez un homme séquestré, deviennent vite des causes de malaise et d'impossibilité de lire et de travailler : aujourd'hui je ne suis pas en état de m'occuper et de ne rien faire. Daignez donc, Monsieur le Directeur, remédier à mon état, permettez-moi de me promener et de voir mes amis. Songez aussi, je vous en prie, que j'ai une femme malheureuse qui me pleure quand je ne peux que souffrir et qu'elle serait heureuse d'apprendre qu'on m'a enfin libéré.... de la prison.'). Avec un feuillet intégral vierge. En juin 1849, Proudhon fut arrêté pour avoir insulté Louis-Napoléon Bonaparte (Napoléon III), le premier président de la France (1848-52) et fut emprisonné pendant trois ans. En décembre 1849, alors qu'il était en prison, il épousa Euphrasie Piegard, âgée de 27 ans, avec qui il eut quatre filles.

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