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Lot n° 9

Tapisserie ; Aubusson ; fin du 18e - début du...

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Tapisserie ; Aubusson ; fin du 18e - début du 19e siècle. Laine. Elle présente de légères restaurations. Provenance : collection privée conçue depuis les années 1970 entre Londres et Madrid. Mesures : 258,5 x 165 cm. La scène intérieure est inspirée des œuvres de Teniers, on y voit une image champêtre avec une laitière et plusieurs personnages à ses côtés. Enfin, la pièce est encadrée par une bordure composée d'une chaîne florale, dont le style montre que nous sommes à l'époque néoclassique.La ville d'Aubusson abritait de nombreux ateliers de tapisserie, créés par les tisserands flamands qui se sont installés dans la région à la fin du XVIe siècle. Leur fonctionnement était rudimentaire, comparé à celui de la Manufacture royale des Gobelins : ils n'avaient ni peintres, ni teinturiers, ni structure commerciale, si bien que leurs tapisseries étaient vendues dans les auberges, à une clientèle privée de bas étage, principalement des aristocrates de province. Aux XVIe et XVIIe siècles, les ateliers d'Aubusson se spécialisent dans la tapisserie végétale (à décor essentiellement floral), mais la situation change radicalement lorsque, au milieu du XVIIe siècle, ce centre est réorganisé par Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV, dans le but de convertir ces ateliers en manufactures royales. Il soumet les ateliers d'Aubusson et de Felletin à un règlement de corporation et, en contrepartie, promet de leur fournir un peintre et un teinturier. Cette promesse n'est cependant effective qu'au XVIIIe siècle, tournant pour les ateliers de la Marche qui voient la qualité de leurs tapisseries s'améliorer considérablement car ils peuvent compter sur un peintre dédié à la réalisation de cartons et sur un teinturier qui produit des teintures de meilleure qualité que celles utilisées jusqu'alors. Jusqu'au XVIIIe siècle, les tapisseries de La Marche se caractérisaient par leur forte densité (50-60 fils par décimètre carré), une laine de mauvaise qualité, parfois très peu raffinée, des couleurs limitées avec une prédominance de terre et de vert (presque jamais de rouge, la couleur la plus chère et la plus compliquée à produire), un dessin pauvre, avec peu de figures, d'où la prédominance des tapisseries avec des légumes, et peu de soie, la laine étant utilisée de manière prédominante. En revanche, les tapisseries d'Aubusson du XVIIIe siècle étaient déjà d'une qualité bien supérieure, grâce aux importantes transformations subies par ces ateliers. Louis XIV a donné aux ateliers de La Marche le caractère d'une manufacture royale et, au début du XVIIIe siècle, de nombreux tisserands protestants sont arrivés en France à la suite de la guerre contre l'Espagne et du renouvellement de l'édit de Nantes. Dans les années 1830, la promesse de Colbert se réalise ; en 1732, Jean Joseph Dumons est nommé peintre de la manufacture, et il va réaliser les premiers cartons faits spécifiquement pour ces ateliers. Il retouche également les cartons lorsqu'ils se détériorent, et donne des cours de dessin aux ouvriers des ateliers (une petite école de dessin est créée à Aubusson en 1742). Dumons fut remplacé par Jacques Nicolas Julliard en 1755, qui resta actif jusqu'en 1789. Après son départ, le nouveau peintre d'Aubusson est Jacques Dorliac, qui se spécialise dans les tapisseries de légumes exotiques, qui connaissent un grand succès commercial. Un maître teinturier est également nommé à la manufacture, ce qui permet d'améliorer les couleurs et d'introduire une palette plus large. Il y aura différentes qualités, car il s'agit d'un groupe d'ateliers différents, mais certains produiront des tapisseries aussi bonnes que celles de Beauvais, avec de belles densités. On continue à produire des tapisseries végétales à cette époque, mais c'est le moment du grand développement des tapisseries "à la Teniers", avec des thèmes de genre. Par ailleurs, les tapisseries du XVIIIe siècle utilisent davantage de soie que celles du siècle précédent, ce qui pose toutefois un problème pour leur conservation. Enfin, il convient de noter que la tapisserie d'Aubusson figure depuis 2009 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO.

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