Ernst Ferdinand Oehme Lot n° 51

Ernst Ferdinand Oehme, Moulin dans le Plauenschen Grund Huile sur toile. (1830). 67,5 x 92,5 cm. Monogrammé et daté "1830" en bas à gauche. Les différents Grund - des vallées étroites et profondes avec des ruisseaux et des chutes d'eau rapides - dans les environs de Dresde offraient au peintre des images évocatrices d'un caractère romantique sauvage, pleines de transformations paysagères - "une alternance sans fin de groupes et de formes d'arbres attirants et captivants pour l'œil" et de "masses rocheuses menaçant de s'écrouler, les courbes merveilleuses du ruisseau qui irrigue la vallée", remarquait Johann Jakob Brückner en 1803 dans ses "Voyages pittoresques en Saxe". Ernst Ferdinand Oehme a pris l'une de ces raisons, le Plauenschen Grund avec le moulin à foulon situé sur la rive de la Weißeritz, comme sujet de son tableau de 1830, dans lequel l'observation de la nature et la mise en scène dramatique se combinent. Le ruisseau sauvage et impétueux se fraie un chemin à travers la vallée en passant par les rochers et les pierres, et à son écume blanche et tumultueuse répond un ciel sombre qui s'amoncelle en nuages dramatiques, à travers lequel les derniers rayons du doux soleil couchant se posent sur le moulin. Il s'agit encore d'un héritage romantique, la description précise du moulin et des bâtiments adjacents en fait également partie, mais la fraîcheur et la liberté picturale avec lesquelles Oehme se consacre à l'observation du torrent impétueux et de la végétation des berges adjacentes respire l'esprit d'observation directe de la nature, un réalisme pictural qu'il avait appris chez son maître Johan Clausen Dahl. Comme chez ce dernier, l'eau, les nuages et la lumière sont les véritables protagonistes de son tableau, et Oehme connaissait certainement le "Mühle im Liebethaler Grund" de Dahl (Staatliche Kunstsammlungen Dresden, Gemäldegalerie Neue Meister, inv. n° 2206 O), dans lequel il a redonné ses lettres de noblesse au modèle de Ruisdael avec le torrent impétueux. Avec son ami August Heinrich, Oehme avait été l'un des premiers à se présenter chez le Norvégien en 1819, peu après son arrivée à Dresde, pour étudier avec lui. Oehme se lie étroitement à Dahl, participe à ses randonnées dans les environs de Dresde, copie ses études à l'huile - le départ de Dahl pour l'Italie en juin 1820 empêche cependant l'approfondissement des relations entre les élèves. Fin 1821, lorsque Dahl revint d'Italie à Dresde, Oehme était à son tour parti pour l'Italie, muni d'une bourse de plusieurs années du prince héritier de Wettin et futur roi Frédéric-Auguste II, qui avait acheté en 1821, lors de l'exposition annuelle de l'Académie, la première œuvre de Oehme, "Dom im Winter" (Staatliche Kunstsammlungen Dresden, Gemäldegalerie Neue Meister, Inv. n° 2219 B). Dès lors, le contact entre les deux jeunes du même âge ne cessa pas ; leur relation intime est attestée non seulement par les lettres que le prince héritier écrivait à Oehme à Rome, mais aussi par l'achat des sept tableaux d'Oehme réalisés à Rome. Jusque dans les années 1830, la plupart des tableaux peints par ce dernier à son retour à Dresde furent achetés par le prince héritier, qui avait emménagé en 1825 dans une nouvelle villa sur le versant de l'Elbe à Dresde-Wachwitz, dans les pièces de laquelle il souhaitait s'entourer d'une galerie de "paysages patriotiques". Dans ce but, il avait passé des commandes de tableaux à Oehme et à Johann Theodor Goldstein, qui commença en 1825 avec une vue du château de Kriebstein. Oehme fournit également de nombreux tableaux, dont des vues de Suisse et d'Italie, d'où il venait de rentrer. Les motifs des paysages saxons ne nous sont pas parvenus en détail, mais les vues des châteaux de Scharfenberg et de Colditz ou des châteaux de Hohnstein et de Stolpen en faisaient probablement partie, tout comme une vue de Meissen. Notre "Moulin dans le Plauenschen Grund" s'inscrirait lui aussi parfaitement dans un tel programme iconographique, et il est probable qu'il ait fait partie de l'équipement de la villa de Wachwitz, car jusqu'à il y a quelques années, le tableau était resté sans interruption en possession de la famille Wettin depuis sa création. Dr. Peter Prange Nous remercions Claudia Maria Müller, Dresde, pour ses recherches sur la provenance. Littérature : Hans Joachim Neidhardt/Winfried Werner : Mühle im Plauenschen Grund - ein wiederentdecktes Gemälde von Ernst Ferdinand Oehme (1797-1855), dans : Denkmalpflege in Sachsen. Mitteilungen des Landesamtes für Denkmalpflege Sachsen 2009, p. 49-54. Provenance : probablement le roi Frédéric-Auguste II de Saxe (1797-1854), Dresde (comme commande privée pour sa villa à Dresde-Wachwitz) ; le roi Frédéric-Auguste III de Saxe (1865-1932), Dresde ; jusqu'à peu après le changement de millénaire, propriété des Wettin ; ensuite, propriété privée, sud de l'Allemagne. Taxation : impôt différentiel (VAT : Margin Scheme)