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Lot n° 2008

Maître anversois Bartholomäus Bruyn l'Ancien,...

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Maître anversois Bartholomäus Bruyn l'Ancien, atelier Triptyque flamand avec portraits de donateurs de Cologne : Lamentation du Christ sur le panneau central, le donateur avec saint Pierre sur le panneau gauche, sa femme avec sa fille et sainte Catherine sur le panneau droit Huile sur bois (parqueté). Panneau central 53 x 41,5 cm, ailes latérales 53 x 19 cm chacune. Provenance Collection privée belge. Le présent triptyque flamand-rhénan est un bel exemple d'œuvre "biculturelle". L'œuvre, extrêmement intéressante du point de vue de l'histoire de l'art, a été réalisée vers 1530-40 à Anvers et a été dotée peu après de portraits de donateurs à Cologne dans l'atelier de Bartholomäus Bruyn. Dr. Didier Martens de l'Université de Bruxelles (ULB) prépare un essai sur ce phénomène, dans lequel ce triptyque, ainsi que d'autres exemples de triptyques flamands-rhénans non reconnus jusqu'à présent, ont été publiés par eux. Nous le remercions pour la contribution au catalogue qui suit : "Le triptyque a été réalisé à Anvers. De par sa composition, la Déploration du Christ sur le panneau central peut être mise en relation avec les œuvres de Quinten Massys et de Josse van Cleve. D'un point de vue stylistique, elle se rapproche toutefois davantage de Josse van Cleve en raison des types de têtes bien remplies. Il s'agissait d'abord d'un triptyque d'inscriptions, une forme relativement rare de triptyque néerlandais ancien. Dans ce type d'œuvre, seul le panneau central présente une représentation figurative. Sur les volets, seul un texte est inscrit, dans la plupart des cas un passage de la Bible ou une prière, toujours en latin. De tels triptyques étaient plutôt de petit format et faisaient probablement office d'autels privés. Dans le cas de ce triptyque, le texte a été entièrement peint. Grâce à la radiographie (ill. 1), il est néanmoins lisible : Aile gauche : " De cruce / deponitur hora ves/pertina / fortitudo / latuit in / mente di/vina tale(m) / mortem / subiit mu(n)/di medica " ; Aile droite : " Tande(m) ho/ra debita / datur se/pulturae / : corpus [Christi nobi]/le spes vi/te future / conditur / aromate com/plentur scr(iptu)r(ae) ". Le texte conscient, un poème, provient d'un Officium sanctae Crucis associé au pape Jean XXII (1336-1364). Il avait fait diffuser cet Officium, qui n'est pas connu avant son époque. Le texte lui-même a été repris dans plusieurs livres d'heures et bréviaires de la fin du Moyen Âge. Voir pour une édition du texte G.M. Dreves, Reimgebete und Leselieder des Mittelalters. Dritte Folge : Stunden-und-Glossen-Lieder, Leipzig 1898, p. 33-34. Ces informations ont été communiquées par le Dr R. Godding (Bruxelles, Société des Bollandistes). Le choix de l'extrait peut résulter d'un souhait du commanditaire du triptyque. Du point de vue du contenu, il correspond parfaitement à la représentation sur le panneau central : il se réfère en effet à la descente de la croix et à l'ensevelissement du corps du Christ. Quelques années après son achèvement, le triptyque flamand a été transporté à Cologne. Là, il a été adapté aux idées d'une famille locale. Le texte latin a alors dû faire place à des portraits de fondateurs avec leurs saints patrons. L'exécution de ces figures peut être attribuée à un peintre de l'atelier de Barthel Bruyn l'Ancien. Le nouveau propriétaire du triptyque, qui a fait apposer ses armoiries, s'est fait représenter avec saint Pierre sur le volet gauche. Sur l'aile droite, on peut voir sa femme et sa jeune fille. Tous deux sont placés sous la protection de sainte Catherine. Il est probable que le triptyque ait rempli la fonction d'épitaphe dans une chapelle après le décès de la famille. Le thème des Lamentations du Christ s'accordait bien sûr aussi très bien avec la nouvelle fonction du triptyque. Il existe d'autres exemples de triptyques flamands qui ont été dotés de portraits de donateurs à Cologne. Des œuvres "biculturelles" ont ainsi vu le jour, qui s'inscrivent à la fois dans la tradition flamande et dans la tradition rhénane (voir sur ce phénomène : K. Löcher, Ein niederländischer Dreikönigsaltar des 16. Jahrhunderts im Kölner Dom und verwandte Altarretabel in Kölner Kirchen, Kölner Domblatt 67, 2002, p. 195-222)". Les armoiries du donateur n'ont pas encore pu être identifiées. Des radiographies et des images infrarouges montrent en outre d'anciennes modifications. Selon les archives historiques de Cologne, il ne s'agit pas des armoiries d'une des grandes familles anciennes de Cologne. Pour la partie inférieure, il pourrait s'agir d'une marque d'artisan ou de maison, ce qui parlerait alors d'une famille devenue riche et appartenant au segment des revenus moyens. Le motif du fer de moulin dans la partie inférieure est également utilisé dans les armoiries de la famille von Hatzfeld. La question de savoir s'il existe un lien entre ces deux éléments mérite d'être approfondie. Une note sur cette question d'héraldique peut être consultée sur demande. ILLUSTRATION COMPARATIVE Fig. 1/Ill. 1 : Images infrarouges des ailes latérales / Infrared images of the side wings (David Strivay, Université de Liège)

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