Gazette Drouot logo print
Lot n° 100

CARTIER Paris Broche Cartier en platine dans laquelle...

Estimation :
Réservé aux abonnés

CARTIER Paris Broche Cartier en platine dans laquelle est suspendu un cristal d’émeraude colombienne vert transparent d’environ 75 carats, à quatre côtés, taillé en forme trapèze dont un côté en arc-de-cercle, le tout aux angles adoucis gravés sur les bords de chevrons entre deux lignes de croix convexes. L’émeraude mobile, gravée de motifs floraux particulièrement bien exécutés et de type moghol, est protégée par un entourage d’env. 3,20 ct. de diamants naturels taille old European et huit taille rose. L’ensemble est surmonté d’un diamant naturel taille old European d’env. 1,95 ct. (couleur H-I, pureté VVS, fluorescence bleue faible). Ajout postérieur d’une épingle en or blanc 18k (750 millièmes). Le bijou est accompagné du rapport d’identification de l’IGI Anvers, n° F4J00886, daté du 28 février 2008. Inscription : « Cartier Paris Déposé » Dimensions de l’émeraude : env. 39,7 x 28,6 x 10,8 mm. Dimensions de la broche : env. 5,5 x 5 cm. Poids brut : 31,1 g. Note de l’expert : Le bijou qui vous est présenté ici est exceptionnel de par les matières employées et l’art joaillier qu’il représente. Une émeraude gravée de cette taille nécessite le geste sûr de celui qui prendra la responsabilité de lui donner forme et décor. Francesca Brickell Cartier, descendante de la lignée de la famille des grands joailliers, nous livre un des secrets pour une réussite complète de cet acte de grande précision. La Maison Cartier octroyait deux jours de congés à celui qui était désigné à cette tâche, pour lui permettre d’entreprendre son travail avec sérénité : “The act of mounting large, fragile emeralds by fallible human hand was fraught with difficulties. The craftsman selected for the task had to apply exactly the right amount of pressure of each platinum claw that would hold the gemstones in place. Too much pressure and the emerald might well break; too little and any subsequent movement of the emerald might start a cleavage flaw. For such an intense task, Jacques (Cartier) would give the chosen craftsman two days off work before beginning the job to ensure he was totally relaxed. They couldn’t risk a trembling hand.” Cartier Brickell F., The untold story of the family behind the jewelry empire : The Cartiers, New York, 2021, p. 293-294. Si l’influence indienne est très présente dans la taille de cette émeraude, son origine est bien colombienne comme l’atteste le rapport de l’Institut Gemmologique International. Nous sommes ici face à un témoin de l’histoire du commerce des pierres qui a vu le jour au XVIe siècle. Plusieurs mines sont découvertes et exploitées par les Espagnols : Chivor en 1537, Muzo vers 1550 avec le travail de la mine de Tequendama à partir de 1594 et Coscuez en 1646. La couronne espagnole pousse à la productivité des mines car elle perçoit la dîme sur un cinquième des pierres qui parviendront du Nouveau Monde. C’est alors que les Portugais prennent en main le commerce international entre l’Europe et les comptoirs lointains notamment en Inde, comme celui de Goa ou encore de Diu. Les grandes émeraudes utilisées en Inde viennent effectivement depuis le XVIe siècle de Colombie et elles étaient le plus souvent taillées en table à six côtés ou respectant la forme du cristal d’origine pour en garder le meilleur poids. Celle du bijou que nous vous présentons ici n’y fait pas exception. Jacques Cartier part en Inde en 1911 et en revient en 1912 pour les perles tout d’abord mais également pour les gemmes et les bijoux orientaux. Mais c’est surtout Louis, alors directeur artistique, qui est à la recherche de nouvelles influences par une érudition remarquable, en étudiant les matières, les formes et les volumes de ces productions lointaines. La Maison va réussir à moderniser les bijoux des grandes familles indiennes en utilisant leurs pierres historiques notamment dans des formes en platine et également importer des émeraudes gravées mogholes. Cartier et les émeraudes gravées, une grande histoire et une audace importées en Europe qui vont marquer l’Histoire de la Haute Joaillerie du début du XXe siècle, quand bien des orfèvres étaient frileux dans les années 1920. Cette période voit quelques-unes des plus belles pièces sortir des ateliers parisiens, tel le bijou vendu par Millon Belgique, signé Cartier Paris. Ecker H. et alii, ss dir., Cartier et les Arts de l’Islam, Musée des Arts Décoratifs, Paris, 2021. Giuliani G. et alii, La route des émeraudes anciennes, dans Pour la science, 277, Paris, 2000. Rudoe J., Cartier, British Museum, Londres, 1997.

Titre de la vente
Date de la vente
Localisation
Opérateur de vente