Vase pictural ; culture Moche, Pérou, 400-700... Lot 40

Vase pictural ; culture Moche, Pérou, 400-700 apr. Terre cuite polychrome. Thermoluminescence attachée. La base est munie d'un hochet. Il présente des restaurations et des repeints dans des lignes de fracture sur des fragments originaux. Dimensions : 22 x 36 cm. Vase de grand format orné de prisonniers attachés au cou et de cactus à l'intérieur, présentant également un prisonnier nu avec des ornements corporels. L'extérieur montre la figure d'un prêtre avec un tumi cérémoniel d'où naît un serpent, situé à côté d'un grand serpent mythologique. La culture Moche, située sur la côte nord du Pérou, s'est développée dans les vallées de Lambayeque, Chicama, Moche et Viru, entre l'an 1 et l'an 800. Cette région se caractérise par un désert traversé par plusieurs cours d'eau, qui se jettent dans un océan particulièrement riche en ressources marines. Les artisans Moche ont produit des chefs-d'œuvre en matière de céramique, de tissage, d'orfèvrerie et d'argenterie. Leur style caractéristique englobe les matériaux les plus divers, tels que les calebasses pyrogravées, la peinture murale, l'art de la plume, la peinture corporelle et le tatouage. La décoration des poteries témoigne d'une maîtrise rarement égalée dans ce domaine, grâce aux techniques de l'incision, de l'estampage en bas-relief et de la peinture sur des surfaces lisses. Une proportion importante de ces objets a été fabriquée dans des ateliers spécialisés contrôlés par l'État, où des pièces produites en série ont été fabriquées à l'aide de moules. Ces récipients présentent non seulement une grande variété de formes et de styles décoratifs, mais aussi des représentations de mythes et de rituels. Parmi les formes céramiques qui se distinguent, on trouve les "bouteilles-portraits", c'est-à-dire les récipients dans lesquels le visage d'un personnage important de la société est représenté. Les traits caractéristiques du visage, l'utilisation de peinture faciale ou de tatouages et l'utilisation de coiffes compliquées sont visibles dans les moindres détails. Ce caractère "portrait" de la poterie Moche se retrouve également dans les représentations de scènes quotidiennes ou érotiques, ainsi que dans les effigies de bossus, d'aveugles, de becs-de-lièvre et d'autres maladies. En orfèvrerie, ils travaillaient magistralement les métaux tels que l'or, le cuivre et l'argent, avec lesquels ils fabriquaient des boucles d'oreilles, des anneaux de nez, des bracelets, des perles de collier, des pinces et différents types d'outils. Le tumi ou couteau de cérémonie, qui n'était souvent porté que par les autorités, se distingue. À son apogée, la culture Moche semble avoir consisté en deux États indépendants qui contrôlaient respectivement les régions du nord et du sud. Dans les deux cas, il s'agissait d'une société très hiérarchisée dans laquelle les guerriers occupaient une place très importante. En effet, la plus haute autorité politique semble avoir été une sorte de "prêtre guerrier", abondamment représenté dans l'art de ce peuple. Sous ces autorités se trouvaient différentes couches sociales composées d'artisans, de marchands et d'un grand nombre de paysans, de bergers et de pêcheurs. Les prisonniers de guerre, réduits en esclavage et souvent sacrifiés en l'honneur des divinités, occupaient bien entendu une place à part. Les représentations sur les vases montrent en détail le monde surnaturel des Moche, composé de mythes, de dieux, d'animaux sacrés et de diverses cérémonies. Les divinités comprennent des renards, des hiboux, des colibris, des faucons et des félins. Ces personnages servaient d'autres divinités majeures, qui avaient une forme humaine et portaient des costumes somptueux et des visages féroces aux crocs croisés. Les tombes des personnages importants étaient des tombes rectangulaires en pisé avec des niches spéciales pour les offrandes. Il est très probable que la fin des Moche soit le résultat de l'intrusion de l'empire Wari.