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Lot n° 260

MARIËN, Marcel L'art d'accommoder les invendus....

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MARIËN, Marcel L'art d'accommoder les invendus. 1967 Assemblage de 5 collages encadrés sur papier peint, 153,3 x 78 cm, collages signés et datés entre "1966" et "1967". Sous vitre et cadre de bois peint en brun doré (pet. déf. sur le cadre). Un "invendu" désigne une marchandise qui n’a pas trouvé preneur durant la période prévue pour la vente. Un changement dans l’évolution de la mode explique souvent cette situation et le stock éventuel d’invendus qui en résulte. Le titre de Mariën s’avère délibérément ironique. En effet, les oeuvres (collages et objets assemblés) de Mariën se situent, par principe, en dehors de la mode et même à contre-courant. Le titre général de ce collage renvoie à celui d’un livre de recettes intitulé précisément "L’art d’accommoder les restes" (Paris, Achille Faure, 1866). Ce livre d’économie domestique expliquait comment récupérer les restes de viandes, poissons, légumes, etc. en vue d’une nouvelle préparation culinaire. L’expression "L’art d’accommoder les restes" est, depuis lors, entrée dans le langage courant et apparaît même dans l’entre-deux-guerres comme une rubrique thématique dans certains magazines féminins. Les quatre collages "Chaleur de ta main", "L’abîme de Pascal", "Essai sur le caractère érogène des zones non-érogènes", avaient été présentés séparément à sa 1re exposition personnelle, organisée à la galerie Defacqz du 18 avril au 5 mai 1967. Dans "Rétrospective des rétrospectives" (2 éd. : 1989 et 1990 chez Isy Brachot), Marïen précise : "L’art d’accommoder les invendus" se présente comme une initiative nouvelle dans le commerce de l’art : la vente de tableaux par pans de murs entiers. Peut-être un jour pourra-t-on ainsi acheter un musée clé sur porte : le Louvre ou l’Ermitage. Une idée à creuser ou à laisser pour compte, au choix". Ces cinq collages, chacun dûment paré d’un encadrement en bois et fixé dans un cadre commun, sont donc à considérer comme un "objet" (au sens surréaliste du terme). Le fond de ce cadre est tapissé d’un papier peint, orné de motifs floraux, utilisé normalement pour décorer les murs d’une chambre. Ce faisant, Mariën ramène ironiquement ses collages à une fonction d’accessoire ornemental destiné à agrémenter l’intérieur d’une habitation. Rappelons enfin que Marcel Mariën intitule : "Le Mur illustré", son recueil collectif contenant la réédition de 14 préfaces de catalogues d’expositions (Les lèvres nues, 1990). L’ensemble "L’art d’accommoder les invendus" se compose des collages suivants : 1) "L’abîme de PASCAL, le LEUR aussi". Le titre de ce collage, renvoie à un sonnet de Baudelaire : "Pascal avait son gouffre, avec lui se mouvant // - Hélas ! tout est abîme, - action, désir, rêve [...]" ("Le gouffre" in "Les Fleurs du Mal"). À noter, au bas de ce collage, la mention figurant à côté de la signature : "auteur + date = oeuvre d’art". Loin des définitions classiques d’une oeuvre d’art en tant qu’expression d’un idéal esthétique, moral ou politique, Mariën réduit, ironiquement bien sûr, cette notion à des critères de validité pour le moins élémentaires : le nom de l’artiste et la date de la création de l’œuvre. 2) [Sans titre]. S’agit-il de l’"Essai sur le caractère érogène des zones non-érogènes" ? Dans un cadre ovale, se trouve représentée une sorte de fente vulvaire formée à partir du pli d’une aisselle ou d’une aine. 3) "Les caresses difficiles". Ce collage "Les caresses difficiles" constitue un exemple caractéristique d’application d’une technique inventée par Marïen et qu’il appelle "l’étrécissement". Ce mot d’ancien français désigne l’action d’étrécir, c.-à.-d. de "rendre plus étroit", de diminuer la largeur de quelque chose. On parlait ainsi de l’étrécissement d’un chemin ou d’un canal. Marcel Marïen explique ce qu’il entend par ce terme dans la préface de son catalogue "Rétrospectives et Nouveautés" (Bruxelles, 1967) (repris dans le recueil collectif "Le Mur illustré", Les lèvres Nues, 1990, p. 9) : "J’ai nommé "étrécissements" les résultats d’un procédé que j’ai expérimenté pour la première fois au cours de l’été 1964. Manœuvrant à l’estime une paire de ciseaux, je découpais une page de magazine […]". Réf. Fondation Mariën, MM-O-464. Expo À la recherche de l'heure exacte 1013 ans avant l'an 3000, Dunkerque, École régionale des Beaux-Arts Georges-Pompidou, 1987, n° 9. - Marcel Mariën. Rétrospective des rétrospectives, Bruxelles, Galerie Isy Brachot, 18 janvier - 25 février 1989, n° 20.

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