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Lot n° 72

BRUSAFERRO GIROLAMO (1677 - 1746)

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BRUSAFERRO GIROLAMO (1677 - 1746) Banquet d'Antoine et Cléopâtre. Huile sur toile. Cm 101.20x119.50. L'œuvre est accompagnée de la carte éditée par Enrico Lucchese, 14 mai 2023 : "Deux des plus grandes perles de tous les temps, toutes deux possédées par Cléopâtre, la dernière reine d'Egypte [...]. Elle, tandis qu'Antoine se gavait chaque jour de mets raffinés, dénigrait, avec un dédain superbe et en même temps impudent, comme une reine méridionale, tout le luxe et l'appareil de ses banquets ; et comme il lui demandait ce qu'on pouvait ajouter à cette magnificence, elle répondit qu'elle aurait consommé dix millions de sesterces en un seul dîner. Antoine voulut en savoir le moyen, mais il ne croyait pas que cela fût possible. Ayant donc fait le pari, le lendemain [...] il fit préparer par Antoine un dîner d'ailleurs magnifique [...] mais d'administration ordinaire. Antonio plaisanta et demanda la note de frais. Mais la femme, confirmant que c'était un corollaire, que ce dîner coûterait le prix fixé et qu'elle seule mangerait dix millions de sesterces, ordonna qu'on apporte la deuxième table. Selon ses instructions, les serviteurs ne placèrent devant elle qu'un pot de vinaigre, dont la forte acidité fait se dissoudre les perles jusqu'au point de dissolution. Elle portait à ses oreilles les bijoux les plus extraordinaires : un chef-d'œuvre vraiment unique en son genre. Alors, pendant qu'Antonio attendait de voir ce qu'il allait faire, il enleva l'une des deux perles, la plongea dans le vinaigre et, une fois liquéfiée, l'avala. Il jeta la main sur l'autre perle Lucius Plancus, le juge du pari, au moment où la femme s'apprêtait à la détruire de la même manière, et il jugea qu'Antoine avait gagné : un présage qui s'est réalisé". Le récit de Pline l'Ancien (Naturalis Historia, XI, 58) a inspiré de nombreux artistes de l'époque baroque (cf. A. Pigler, Barockthemen, II, Budapest 1974, pp. 396-398). Dans la Vénétie du XVIIIe siècle, à laquelle appartient l'œuvre étudiée, la fortune du thème a été poursuivie par les exemples illustres d'Antonio Pellegrini, dans la fresque de la Villa Giovanelli à Noventa Padovana (cf. F. Magani, in "Nuovi Studi", 8, 2003, pp. 167-180), et surtout par Giambattista Tiepolo dans le cycle de fresques de Palazzo Labia à Venise et dans les peintures sur toile aujourd'hui conservées dans les musées de Melbourne et d'Arkangelskoje (cf. A. Mariuz, Le storie di Antonio e Cleopatra, Venise 2004). Dans tous ces exemples, même dans celui-ci, l'hommage aux Dîners de Paolo Véronèse est évident dans le choix des couleurs claires et surtout dans l'agencement de la composition, mais dans ce cas précis, la référence au modèle du XVIe siècle semble être influencée dans le dessin du corps par la peinture de Sebastiano Ricci, modulée sur des tons de dessin qui, à Venise, étaient liés à l'enseignement de peintres d'un goût plus classiciste. Il est donc évident que ce Banchetto di Cleopatra est clairement l'écriture de quelqu'un qui, dans sa jeunesse, a fréquenté "l'école de Cav. Bambini, où il a appris les bonnes règles du dessin, qui, bien qu'il les ait ensuite abandonnées en partie, lui ont servi de bon guide pour l'art, et pour être gardé un peintre savant. Il essaya également de suivre la manière de Sebastiano Rizzi ; et finalement il forma un style qui partageait l'influence de ces deux maîtres, mais qui avait en même temps quelque chose d'original" (A.M. Zanetti, Della Pittura Veneziana, Venise 1771, p. 431).L'attribution au Vénitien Girolamo Brusaferro peut être démontrée par la comparaison avec deux œuvres dont j'ai parlé en 2021 : La dernière communion de saint Jérôme (fig. 1, in Il Secolo di Nicola Grassi, p. 84), et le Chioma di Berenice (fig. 2, in Museo Costantino e Mafalda Pisani, Trieste. La Pinacoteca della Comunità Greco Orientale, pp. 68-69 cat. 7). Comme on peut le constater, les caractéristiques stylistiques, la disposition et les choix coloristiques du Banchetto di Cleopatra se répètent dans cette paire de toiles : si la première semble, à part les problèmes de conservation, comparable à la Morte di Sant'Avertano (1736) de la Chiesa dei Carmini à Venise (fig. 3 : cf. A. Pietropolli, Girolamo Brusaferro, Padoue 2002, p. 81 cat. 112), la seconde, avec le compagnon Antiochus et Stratonice, dénote un sujet pictural plutôt figé et quelques incohérences de composition qui indiquent une chronologie dans la dernière phase de Brusaferro, alors postérieure aux autres principaux maîtres coévalents de la Sérénissime, attestée par le retable de 1741 pour Stabello (fig. 4), près de Bergame (cf. Pietropolli 2002, p. 83 cat. 117). Dans le second lustre des années 1730, il semble donc opportun de placer le tableau examiné, à la suite de la toile de Carmini, vraisemblablement non loin du retable avec la Vierge à l'Enfant et les saints Foca, Martin et Pierre pour l'église vénitienne de Santo Stefano, daté de 1737 (fig. 5 : Pietropolli 2002, p. 83 cat. 113), se plaçant ainsi dans l'histoire de la fortune du thème de la reine conquérante du conquistador romain

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