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Lot n° 307

ECOLE FRANCAISE du XIXe siècle, d'après Simon...

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ECOLE FRANCAISE du XIXe siècle, d'après Simon VOUET. La Diseuse de bonne aventure. Toile d'origine, cadre d'origine en bois sculpté et doré. 91 x 132 cm. Eclats au cadre. Reprise du tableau de Vouet conservé au Palais Barberini à Rome (voir catalogue de l'exposition Simon Vouet (les années italiennes 1613/1627), Nantes, 2008, n°12, reproduit). Vingt ans après Caravage, Vouet reprend le sujet en introduisant un troisième larron : une vieille gitane, qui va forcer le thème dans le sens des bohémiennes voleuses, et expliciter les enjeux d'argent et de sexe que Caravage s'était contenté de suggérer. Le rapport de force. L'homme se trouve acculé au centre du tableau, entre la diseuse qui l'attire et la voleuse qui, dans son dos, le soulage de sa bourse. La composition joue sur la symétrie entre la jeune et la vieille, la belle et la laide, semblablement voilées de blanc. Cependant les expressions des deux femmes sont à contre-emploi : celle qui devrait charmer par sa jeunesse porte sur l'homme un regard grave ; et celle qui devrait se concentrer sur son larcin sourit de sa bouche édentée et regarde le spectateur d'un air entendu. L'instant ironique : Et que fait la main droite de l'admonitrice ? Un geste obscène par dessus l'épaule de sa victime. (voir - Faire la figue). Ainsi non seulement la vieille ne se dissimule pas au spectateur, mais en plus elle le prend à témoin de la bêtise du lourdaud : sa main gauche agrippe sa bourse tandis que, juste au dessus sa main droite figure un sexe masculin minuscule, montrant ainsi tout le mépris d'une bohémienne en fin de carrière envers tous ceux qu'elle a dupés. Un gars de la campagne : Si Vouet peut se permettre de tourner l'homme en ridicule, c'est qu'il ne s'agit plus d'un fils de famille trop naïf, comme chez Caravage. L'antagonisme entre le natif et le nomade, entre le riche et le pauvre, s'est ici transformé en une opposition au sein de la même classe populaire, entre les futées de la ville et le lourdaud de la campagne. Ce dernier est probablement un vacher, puisqu'il porte sur l'épaule un tabouret de traite à pied unique (qu'on appelle dans les Alpes Françaises un bottacul) : fixé par une corde sur le fessier du berger, il lui permettait d'avoir les mains libres pour passer d'une bête à l'autre. Le choix de cet accessoire rare est ici parfaitement pertinent : l'homme, après avoir trait ses vaches, se fait à son tour soulager par de plus redoutables femelles. Les registres parallèles : Dans le registre du haut : à gauche, la main de l'homme brandit un symbole phallique ambitieux - qui serait, de par son usage de « bottacul », plutôt menaçant pour son propre fessier ; à droite, la main de la vieille raille cette vantardise, en mimant un sexe masculin miniature et une pénétration ridicule. Dans le registre du bas : à gauche, les mains caressantes de la diseuse enveloppent la pogne de l'homme ; à droite, la main castratrice de la voleuse le soulage de sa bourse. Ainsi, le jeune homme est cerné par la jeune fille aguichante et la vieille femme rouée, et la morale de cette scène condamne la tromperie et la naïveté.

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