Jean Tinguely Lot n° 407

Jean Tinguely PROLETKUNST n° 3 1989 Sculpture en fer, racine, crâne d'animal, roue en bois et autres, ainsi que moteur électrique Env. 138 x 99 x 100 cm sur socle en bois peint en noir 80 x 50 x 50 cm. - Avec de légères traces d'âge. Christina Bischofberger, Jean Tinguely, catalogue raisonné, vol.3, Sculptures et reliefs 1986-1991, Zurich 2005, WVZ-Nr.873 Provenance Collection privée, Belgique ; collection privée, Rhénanie-du-Nord-Westphalie Expositions Halle 2022 (Kunsthalle Talstrasse), sculpture en fer et en acier, cat. d'exposition, p.104 avec ill. en couleurs. Moscou 1990 (Haus der Kunst), Jean Tinguely Les objets de Jean Tinguely sont un délicieux mélange d'objets individuels curieux comme des trouvailles du quotidien, des déchets métalliques, des déchets électroniques, des bibelots nostalgiques, des os et d'autres matériaux "étrangers à l'art". Un moteur déplace des pièces avec une simple traduction, les balance, les fait danser, diffuse des bruits ; cette merveille soudée est comme une caricature d'une relique technique d'autrefois, elle reflète l'agitation et le chaos jusqu'à nos jours et elle fascine : dans l'état de repos et dans l'agitation du mouvement. Les œuvres fonctionnelles de Tinguely sont l'expression d'une nouvelle idée de l'art et, en fin de compte, une parodie qui prend le contre-pied de l'esthétique traditionnelle de la notion d'œuvre. Les moteurs électriques et les roues deviennent le cœur d'une construction contre tout art de l'ingénieur, incarnent l'utopie d'un monde de mouvement sans fin dans tous les domaines de la vie sous la maxime : tout peut être relié, chaque matériau est digne d'art et peut servir à des machines inutiles. Le perfectionnisme simulé par Tinguely trouve son accomplissement dans la laideur et parfois la mièvrerie des pièces détachées soudées de manière "compliquée". C'est bien sûr un peu court, car les machines sont empreintes d'humanité, quelque chose que l'artiste met à la base de ses œuvres lorsqu'il s'agit de penser les rapports de notre monde comme des machines. Les modèles sont nombreux. Ainsi, Marcel Duchamp voit "La Mariée" dans son tableau de 1912 comme une machine aux formes féminines, Max Ernst ou Francis Picabia voient dans leurs images dadaïstes de machines, vers 1920, leur chance de formuler avec charme et en filigrane les niveaux de signification des relations humaines. Tinguely irrite et amuse à la fois avec ses machines subversives, lorsque les os nus des crânes d'animaux s'agitent et que la machine produit des sons cliquetants. Ils sont l'expression d'une joie diabolique.