Masque Dan, Kaglé,Côte d'Ivoire, Libéria H. 23... Lot 11

Masque Dan, Kaglé,Côte d'Ivoire, Libéria H. 23 cm Bois clair Provenance : Collection française, avant 1950 Galerie Charles Wesley Hourdé Collection privée française Publication : L'emprise des masques, Charles-Wesley Hourdé, juillet 2017, p.27, n6. Exposition : L'emprise des masques, 12-30 septembre 2017, Galerie Charles-Wesley Hourdé « Ce qui différencie le cubisme, c'est qu'il n'est pas un art d'imitation, mais un art de conception qui tend à s'élever jusqu'à la création. » Guillaume Apollinaire. Loin du naturalisme délicat et harmonieux des masques Dan, les kaglé se distinguent pour leur force de présence puissante, impressionnante, captivante, grâce à leur conception structurelle alliant savamment la géométrie formelle anguleuse à la projection dans l'espace des volumes. La typologie Kaglé, rattache le visage au monde animalier, aux oiseaux et singes en particulier (Fisher et Himmelheber, 1984 : 72, n°73). Traditionnellement dansé afin de perturber les festivités, le masque Kaglé était voué à distinguer l'ordre du désordre, l'organisation de la société opposée au monde extérieur désordonné. A son rôle répond fidèlement son esthétique : scinder deux mondes, deux entités. Son esthétique résumé, concentré entre la douceur de la rotondité du front, de la bouche, du menton auxquelles s'opposent les lignes saillantes, anguleuses, strictes et rigoureuses, suggérant implicitement l'ordre imposant, structuré. Sculpté dans un bois clair, la composition de cette oeuvre résolument cubiste, marquée par le réagencement des traits du visage audacieux, par la projection dans l'espace de ses traits anguleux, révèle le génie du sculpteur. Inclinaison du front bombé, en visière, scindé en deux par une ligne médiane verticale en relief. L'ensemble magnifié par une couronne en diadème, à deux niveaux, dont le premier présente un décor particulièrement ouvragé constitué de formes triangulaires assemblées en relief. Une large entaille incisée distingue les deux niveaux, la partie supérieure sans décor est épurée. Les joues en pommettes saillantes épousent la forme de triangles. Le regard formé de cavité, est ainsi englobé et intensifié. Le nez massif, imposant de forme triangulaire également, reprend dans sa linéarité l'axe des joues. L'animalité, la bestialité de la bouche se rapprochant vraisemblablement d'un museau de singe, entrouverte, adoucie par la courbe de sa lèvre inférieure, s'opposant à la rigueur linéaire stricte des joues et du nez. D'après le catalogue L'emprise des masques, de Charles-Wesley Hourdé, où il est reproduit, ce masque serait à rapprocher d'un exemplaire comparable, illustré dans ; The Arts of the Dan in West Africa, Zurich, 1984, fig.73 (Fischer et Himmelheber). L'audace et la puissance de ce masque révèlent l'influence stylistique indéniable, incontestable des arts premiers sur les modernistes. Une influence aussi puissante que ses traits qui contribuera à la révolution plastique du XX° siècle marquant une rupture avec l'académisme, le cubisme prend son essor avec la structuration géométrique, prend son essor sur la base de l'admiration des arts premiers comme source d'inspiration.