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Lot n° 193

Pierre JEANNERET (1896-1967). Fauteuil de bureau...

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Pierre JEANNERET (1896-1967). Fauteuil de bureau dit "Office cane Chair", référence PJ-SI-28-D. Variante du modèle pour le Palais des Filateurs à Ahmedabad (1954). Teck massif avec assise et dossier en cannage, dossier droit rattaché à l'assise par des larges montants latéraux fuselés, et reposant sur un double piètement latéral de type "compas". Marqué au dos "C.D.NO.2". Vers 1953-1954. Patine ancienne et restaurations visibles. Provenance : Résidences universitaires de Penjab University et bâtiments administratifs de Chandigarh (Inde). H : 85,5 cm ; L : 50,5 cm ; P : 53 cm. Pierre Jeanneret est né en Suisse en 1893 et est le cousin du célèbre architecte, Le Corbusier. Il travaille dans l'agence du Corbusier où il rencontre Charlotte Perriand. Ces trois artistes vont se nourrir les uns les autres dans leurs créations. Ils travaillent ensemble pour la villa Savoye après la publication de leur traité « Les cinq points de l'architecture moderne ». Au début des années 1950, Pierre Jeanneret commence un nouveau projet à Chandigarh (Inde) à l'invitation de son cousin qui y conçoit et développe un ensemble architectural sans précédent. Après l'indépendance de l'Inde, le premier ministre, Nehru, doit faire construire la nouvelle capitale du Pendjab qui illustrera la nouvelle modernité du pays. Le premier ministre l'imagine comme une "nouvelle ville, symbole de la liberté de l'Inde libérée des traditions et du passé " : une utopie sociétale et architecturale. Mattew Nowicki, premier architecte en charge du projet, décède et le Corbusier est engagé. Ce projet va devenir le premier projet d'envergure du Corbusier où il va pouvoir projeter toutes ses idées. Les travaux qui durent trois à quatreé ans doivent faire sortir de terre une capitale au pied de l'Himalaya. Chandigarh devient une ville comme il n'en existe aucune autre parmi les nombreuses villes que compte le pays. « Une ville unique au monde, construite pour que les gens y vivent dans la joie et la simplicité » Le Corbusier, février 1951 Dès le début de la construction, Pierre Jeanneret est sur le terrain au quotidien. La conception de différents édifices lui est confiée notamment celle des bâtiments administratifs. Le Corbusier abandonnant le projet à mi-chemin, Jeanneret en devient l'Architecte en chef et le concepteur du développement urbain et restera en Inde presque jusqu'à la fin de sa vie… L'intérieur des différents bâtiments de Chandigarh est très coloré, avec de nombreux murs et portes décorés des peintures du Corbusier, inspirées de motifs indiens. Mais une fois construits, les bâtiments doivent être meublés. Pierre Jeanneret, qui était à Chandigarh de 1951 à 1965, a vécu dans sa maison auto-conçue. Il crée des meubles pour sa maison en utilisant des matériaux disponibles localement, comme le bambou, la toile et la corde. Cela va définir le style de la nouvelle ligne complète de meubles qu'il va créer pour les bâtiments administratifs de la nouvelle ville. Il va devenir l'auteur de plus de 30 000 meubles. Il opte pour des formes fonctionnelles et épurées, en référence au Mouvement Moderne. Néanmoins, et selon ce qu'il était convenu avec le gouvernement du pays, les meubles sont fabriqués par des usines locales. Il utilise des matériaux autochtones, accessibles et adaptés au climat, comme le teck, l'osier, le bambou et le cuir. Le fauteuil de bureau est une pièce iconique du projet. Il est en teck, bois commun en Inde, pour utiliser des matériaux locaux (résistants à la chaleur, aux insectes et à l'humidité). Pierre Jeanneret puise son inspiration non seulement dans l'artisanat local traditionnel, mais aussi dans les idées développées avant la deuxième Guerre mondiale avec Le Corbusier, Charlotte Perriand, et Jean Prouvé. Le contraste entre le côté massif de la structure avec le fameux pied en V et la transparence de l'assise cannée sont une application de sa pensée architecturale. Ce fauteuil devient le point de rencontre entre les idéaux occidentaux et les nouveaux idéaux indiens suite à l'indépendance. «C'est si simple, si minimal, si fort. Mettez-en un dans une pièce et cela devient une sculpture.» Joseph Dirand, architecte et designer

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