Egon Schiele Lot n° 10

Egon Schiele Deux nus féminins debout, s'embrassant 1913 Dessin au crayon sur simili japon. 46,9 x 31,1 cm. Encadré sous verre. Signé et daté 'Egon Schiele 1913' en bas à droite. - En bon état de conservation. Légèrement bruni. Callir 1354 Provenance Adolf Hintringer ; Galerie St. Etienne, New York ; Albert Millman ; Galerie Wolfgang Ketterer, Munich, vente aux enchères 30, 12 décembre 1978, lot 1659 (là comme format horizontal) ; collection Günter P. Landmann, Munich Expositions Berkeley/Pasadena 1963 (Art Gallery of the University of California/Art Museum), Viennese Expressionism 1910-1924, cat. No. 53 ; New York 1965 (Galerie St. Etienne), Egon Schiele (1890-1918) : Watercolors and Drawings from American Collections, cat. n° 47 ; Philadelphie 1969 (Museum of the Philadelphia Civic Center), Creative Austria, 20th Century : Art, Design, History ; New York 1969 (Galerie St. Etienne), Austrian Art of the 20th Century ; New York 1970 (Galerie St. Etienne), Egon Schiele : L'œuvre graphique Les conditions de vie d'Egon Schiele s'étaient largement apaisées en 1913, après que l'année précédente, en 1912, ait été marquée par une courte peine de prison pour "diffusion de dessins indécents" et par le déménagement de la province autrichienne pour revenir à Vienne. Les bouleversements qui accompagnèrent ces événements eurent pour effet d'atténuer la radicalité de ses représentations érotiques en introduisant "un élément de distanciation esthétique qui mettait davantage l'accent sur les compositions et les poses inhabituelles", comme le décrit Jane Kallir (in : Egon Schiele. Aquarelle und Zeichnungen, Vienne 2003, p. 222). Notre dessin d'un couple de femmes enlacées intimement est en rapport de motif avec les œuvres "Embrace/Étreinte" et "Friendship/Amitié" (Kallir 1353 et 1355), les trois dessins représentant les mêmes nus féminins. Si les deux œuvres citées sont élaborées à la gouache et à l'aquarelle, notre représentation se concentre uniquement sur le dessin de contour. On y voit clairement le changement formel que subit le style de dessin d'Egon Schiele en 1913, son trait s'assouplit et devient plus anguleux. Cette géométrisation croissante est attribuée à l'influence du cubisme, que l'artiste découvre à cette époque par le biais de publications et de collègues artistes. La concentration de Schiele sur les aspects formels s'accompagne d'un anonymat croissant de ses modèles, qui évitent désormais souvent le contact visuel avec le spectateur ou détournent complètement la tête. Schiele néglige délibérément les détails au profit de l'unité formelle que forme le couple. Ce n'est pas leur personnalité, mais les lignes entrelacées de leurs corps qui sont au centre de son intérêt.