Franz Radziwill Lot n° 43

Franz Radziwill Le bœuf mène le bœuf 1923 Huile sur toile, montée sur bois. 80 x 85 cm. Dans le cadre original peint par l'artiste. Signé en bas à gauche en blanc 'Franz Radziwill'. Au dos, le numéro d'œuvre 'XI'. - En parfait état. Schulze 155 Provenance Atelier de l'artiste ; Galleria del Levante, Milan/Munich (début des années 1970) ; depuis, collection privée italienne Expositions Entre autres, Cologne 1968 (Baukunst Galerie), exposition rétrospective Franz Radziwill. Peintures à l'huile, aquarelles, cat. n° 7 ; Düsseldorf 1970 (Galerie Wendtorf & Swetec), Franz Radziwill, cat. n° 4 ; Milan 1971 (Galleria d'arte Eunomia), Franz Radziwill, cat. n° 1 ; Berlin 1981 (Staatliche Kunsthalle NGBK), Franz Radziwill, cat. n° 8 avec ill. couleur pleine page p. 30 (étiquette au dos) ; Ravenne 2012 (Museo D'Arte della città di Ravenna), Miseria e splendore della carne, Testori e la grande pittura europea, p. 210 s. avec ill. couleur (étiquette au dos) En 1923, Franz Radziwill a peint un tableau coloré et joyeux : "Paysage de village". Il venait de s'installer à Dangast - en provenance de Berlin -, avait acheté une maison et s'était marié. Au cours des six décennies suivantes, il allait trouver ici, au bord du Jadebusen, son centre artistique. "Aucune image de moi n'est possible sans Dangast". Cette heureuse arrivée se reflète également dans une gravure réalisée au même moment : même thème, même titre. "Paysage de village". (Wv 27, 1923, cf. ill. comparative) : Sa maison au numéro 3 de la Sielstraße est ici aussi - comme dans le tableau - entourée de fleurs, protégée et sécurisée par un arbre. Il va bien - et il progresse. Sa courbe de succès est en hausse : Les "membres passifs de la BRÜCKE" de Hambourg ont acheté vingt-sept œuvres. A Berlin, il peut exposer avec Giorgio de Chirico, Paul Klee, Oskar Schlemmer, Otto Dix et Wassily Kandinsky. Et à Amsterdam, le Stedelijk Museum l'expose avec les principaux expressionnistes allemands. Mais très vite, des années malheureuses et infiniment chargées suivent : sa peinture est considérée comme "dégénérée". 274 œuvres, dont 59 tableaux, sont retirées des musées, ostracisées, brûlées. Horrifié et humilié, le peintre se retire dans sa maison au bord de l'horizon. Et puis : le tableau "Paysage de village" - réalisé en 1923 sous des auspices heureux - se retrouve à nouveau sur son chevalet en 1963, de manière soudaine et inattendue. Est-ce le témoin de cette autre époque, révolue depuis longtemps, un beau souvenir de jours meilleurs ? Non, pas pour Franz Radziwill ! Il pense autrement, il "continue à peindre", à actualiser. Sous ses mains, cette toile se transforme en un témoignage couvrant quatre décennies. Ici et dans près de soixante autres toiles, il a inscrit le temps qui passe. Radziwill ne se considérait pas comme le témoin d'un moment passé. Il en va tout autrement : le tableau "Dorfflandschaft" (Paysage de village) - désormais rebaptisé "Rindvieh führen Rindvieh" (Le bétail conduit le bétail) - condense en 1963 une période plus longue, couvrant quatre décennies. Ce peintre connaît et préserve les fleurs de la paix - et inscrit les outils de la guerre qui ont régulièrement survolé sa maison. Il connaît et conserve les années de bonheur - et les traces amères des malheurs que les hommes infligent aux hommes. Une image intelligente, dans laquelle se rassemble plus qu'un moment. Gerd Presler