Gazette Drouot logo print
Lot n° 12

Figure féminine assise Bete, Côte d'Ivoire XIXème...

Estimation :
Réservé aux abonnés

Figure féminine assise Bete, Côte d'Ivoire XIXème - début du XXème siècle Bois, pigment - Bras manquant - Restauration Hauteur: 44 cm Provenance: Acquis de Yves Créhalet, Paris le 7 février 2011 Patrick Varnier, Paris, France En pays Bété, les statues en pieds sont une rareté, fascinantes, captivantes, intrigantes elles demeurent mystérieuses. Selon les quelques recherches de terrain qui y ont été effectuées, d'abord par Denise Paulme en 1962, puis en 1968 par Bohumil Holas, la statuaire n'aurait été utilisée que dans la région de Gagnoa, non loin des pays Gagu et Guro: l'une d'entre elle a été trouvée dans les environs d'Ouragahio (Verger- Fèvre in Barbier-Barbier, 1993, vol. I, p. 90). Son existence uniquement circonscrite à l'aire cultuelle de Gagnoa expliquerait les similitudes stylistiques avec la statuaire de ses voisins Guro (Fischer et Homberger 1985, p. 228). Exclusivement féminine, la statuaire Bété, serait selon Holas, la figuration d'une aïeule défunte. Cette effigie, « le réceptacle du fluide vivant » du défunt, était conservée par son plus proche parent. « Elle était parfois remplacée par une figurine sculptée sur bois, appelée kouéi ou yousrokpo selon les fractions. Ce dernier cas, cependant, se présente rarement chez les Bété » (Holas, L'image du monde bété, 1968) Honorant la femme, commémorant son image, son importance, réceptacle de l'entre deux mondes, celui des vivants et de l'audelà, cette oeuvre est empreinte d'une profonde et solennelle dignité, renforcée par la stature assise, équilibrée du personnage dont les traits suggèrent la quiétude, la paisibilité, la sérénité. La majesté du personnage incarné, révélée dans sa gestuelle, la main délicatement posée sur le genou, dans ses parures épurées suggérant son statut: bracelets, collier triangulaire, ceinture scarifiée autour de l'ombilic, coiffe sophistiquée constituée de gravures triangulaires. La douceur du modelé tout en rotondité de ses épaules, biceps, mollets confère à l'ensemble une fluide harmonie. Le visage ovale, aux traits naturalistes idéalisés, minutieusement dessinés, témoigne du haut degré de technicité du sculpteur. Les yeux clos en amende, tombant suggèrent l'intériorité. Le nez triangulaire en relief, la bouche aux fines lèvres esquisse un sourire bienveillant. Rare et bel exemplaire, dont la patine noire profonde répond à la force de dignité et de sérénité qui se dégage de cette oeuvre. En 1964, William Fagg faisait figurer, parmi les «Cent chefsd'oeuvre » de l'art africain exposés au palais du Louvre, la statue féminine Bété du musée des Civilisations de Côte d'Ivoire (inv. N° 50.2.229). Dans le catalogue qui l'accompagne, Fagg souligne le « peu de renseignements au sujet [des Bété] » et « la rareté des spécimens classés de leur art » (Fagg, Afrique. 100 tribus, 100 chefs-d'oeuvre, 1964, p. 18).

Titre de la vente
Date de la vente
Localisation
Opérateur de vente