Statue, Bamana, Mali
Bois
Hauteur: 54 cm
Provenance:
Collection Pierre Vérité, Paris
Olivier Castellano, Paris
Dr. Adelheid Wurzer, Munich
Adrian Schlag, Bruxelles
Collection privée, France
Collection Richard Vinatier, Avignon (inv. n° 279)
La remarquable dynamique des volumes, inscrit dans des formes géométriques, offrant au regard un rendu quasiment cubiste, la délicatesse, la finesse des scarifications envahissant le corps et la patine sombre, luisante, portent à son paroxysme l'expression de la beauté féminine dans le sud du pays Bamana, tout en témoignant incontestablement, du degré d'ingéniosité des artistes du Mali, inspirant les plus grands modernistes.
Vivant au Mali au sud- est du territoire Dogon, les
Bamana vouant un culte particuliers pour les ancêtres, sont organisés autour de la société initiatique, nommée
Jo. Cette structure sociale indissociable de la religion, est fondée sur l'appartenance de chaque individu à une société secrète. « Utilisées lors des initiations septennales et portées de village en village par les initiés, [les statues] participent de l'exhibition de valeurs du Jo » (Salia Malé in Colleyn, 2002: 154).
Parmi le corpus d'objets liés aux cultes du Jo, les statues féminines Jonyeleni (petite Nyele du Jo) comme celle-ci sont incontournables. Elles représentent la matérialisation de l'âme de l'entité féminine à l'origine de la création.
A sa force symbolique répond sa beauté magnifiée à la plastique schématique, sensuelle, rythmée. Incarnant la femme idéale, féconde et « à son plus haut degré d'attraction physique »- seins coniques, fermes et généreux, fessier rebondi et hanches étroites - à laquelle peuvent prétendre les initiés du Jo au terme de leur initiation.
Appelées nyeleniou, petit Nyele signifiant littéralement, « jolie petite » ou « petit ornement », ), nom fréquemment donné à une fille primée, ces statues représentent les qualités idéales des filles nubiles. Le torse mince, affiné, les hanches, les fesses proéminentes, les seins en saillie font allusion à la fertilité, exacerbée. Cette beauté idéale est mise en valeur; par l'ornementation gravée des bras, indiquant des parures, par les scarifications en chevrons finement gravées sur l'abdomen, le dos et la tête - telles qu'elles ornaient autrefois le corps des adolescentes, tandis que la patine sombre, luisante, évoquerait selon Kate Ezra (1986: 17) le corps des jeunes filles Bamana se préparant pour les danses. cf. Colleyn (2002: 155, cat. 137) En affichant une telle figure, un initie annonce en effet son désir de rencontrer des épouses potentielles. Voir
Vogel, Susan, Art/artifact. African Art in Anthropology
Collections, New York, The Center for African Art, 1988, p. 42, pour une statue de l'ancienne collection
Charles Ratton, dans la collection du Buffalo Museum of
Science (C12758).
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