L’année 2018 se déroule sous la bannière de la gastronomie, au château de Versailles et dans toutes les résidences royales d’Europe. Jouant la carte de la délectation des papilles, le programme nourrit de grandes ambitions politiques.
Potage de perdrix aux choux, bisque de pigeon à la Saint-Cloud, croquettes d’oreilles de veau, dindons gras, émincé de poularde aux concombres, lapereau à la genevoise, grenadins à la demi-ravigote, carrés de mouton à l’eau glacée… Aussi impressionnant qu’alléchant, cet aperçu du repas englouti par Louis XV le 21 juin 1751 a été exhumé des archives du château de Versailles à la faveur d’un projet inédit : éclairer le patrimoine par le prisme de la gastronomie. Un audioguide thématique donnera une nouvelle étoffe au circuit des Grands Appartements – et des Petits Appartements, avec une médiation humaine. La visite se veut pluridisciplinaire, mêlant considérations artistiques, culinaires, mais aussi sociales et politiques. L’iconographie de certaines variétés telle la tomate, utilisée en élément de décor avant d’être dégustée, y sera abordée, tout comme les savoir-faire des manufactures royales livrant les porcelaines. La stricte étiquette en vogue à la table du souverain, où les cinq cents officiers de la maison du Roi étaient invités à défiler devant lui, rappelle que son repas n’était rien d’autre qu’un instrument supplémentaire de représentation, et donc d’affirmation du pouvoir. Les lieux où s’attabler sont un autre indice de l’évolution des mœurs d’une société :…
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