Étonnant personnage qui traverse la Belle Époque et l’entre-deux-guerres, la comtesse de Béarn inspire un livre remarquablement documenté. Collectionneuse éclectique, elle apparaît tantôt pudique, tantôt audacieuse.
Martine de Béhague reste une énigme. C’est ce que reconnaît Jean-David Jumeau-Lafond en introduction de l’ouvrage qu’il publie sur cette personnalité de la Belle Époque. Pourtant, l’historien de l’art a exploré les vastes archives familiales, parcouru la correspondance qu’entretenait la comtesse avec peintres et écrivains, lu la presse relatant ses faits et gestes mondains… Il a longuement enquêté mais s’interroge toujours : «Qui est-elle vraiment ? La grande dame de l’aristocratie européenne qui reçoit le roi Alphonse XIII ou l’empereur Guillaume II sur son yacht» ou, à l’inverse, «la femme fragile et souffrante qui fuit ses semblables» ? L’un de ses amis la surnommait «Tour d’Ivoire», c’est dire si la dame se livrait peu. Une chose est sûre : héritière d’un banquier, le baron Samuel de Haber, elle était riche, très riche, et malheureuse. Son adolescence est ponctuée de drames. En moins de six ans, elle perd en effet ses parents, ses deux grands-mères et son grand-père paternel. Lorsque Berthe, sa sœur aînée, se marie avec le comte Jean de Ganay, sa solitude se fait plus intense encore, et ses crises de foie plus fréquentes, en réalité des symptômes de dépression. Et puis un jour, Martine convole à son tour. Moment de joie.…
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